Quatre quinquagénaires divisés en deux couples, un par camping-car, ont passé tout l'après-midi d'hier à ajuster l'antenne-satellite et la réception de leur système audio-visuel. Pour le match de demain. Y faisait beau, hier après-midi. Ils ont terminé juste à temps pour faire une toute menue promenade jusqu'aux limites du camping avant le repas du soir, œuvre de mesdames, évidemment. Après les remarques d'usage, « c'est beau, c'est gros, c'est bien beau, oh c'est quand même plus gros encore que ce que disait le magazine », ils ont fait demi-tour, direction le giron salvateur de leurs forteresses roulantes. En passant devant chez moi, ils se sont tus. Tous sauf le malin du groupe qui a lâché, en arrivant à ma hauteur : « Oh, c'est le radeau de la méduse, hé h… ». Je m'étais retourné et il a interrompu son rire entre le « h » et le « é », ce qui faisait quand même un drôle d'effet. J'ai souri, pour détendre l'atmosphère, mais en voyant ma tronche ou mes cheveux de bandit ou ma carrure, il avait comme perdu le souffle. Il était, disons, médusé.
Je vais m'inviter, voir, demain, pour le match. Dans leur camping-car. Qui sait ?! Y aura peut-être des saucisses !?© Éric McComber