Les philosophes occidentaux ne s'intéressent guère aux philosophies nées en Inde. Non seulement le grand publique ne lit pas les textes, même quand ils sont traduits depuis des décennies, mais même ceux qui font profession de passer les préjugés au crible de la raison semblent incapables de se débarrasser de leurs préjugés sur l'Inde. Pour mes collègues professeurs, il n'y a pas de philosophie en Inde, mais des "sagesses", d'ailleurs difficilement accessibles aux "Occidentaux", trop rationalistes et peu accoutumés aux délires orientaux... Malgré le livre de Roger-Paul Droit et les centaines de publications, rien n'y fait : les manuels de philosophie continuent de sortir sans mentionner aucune philosophie originaire de l'Inde.
Rien ne change. Étonnant non ?Du côté indien, on est souvent plus curieux. Les universités indiennes enseignent les philosophies de l'Occident. Et traduisent des textes.Voici une traduction en hindî de la République de Platon, peut-être le texte le plus important de la philosophie "occidentale" :Nāgarikī (plātona kī politiyā kā hindī anuvāda) par Rājendra Svarūpa BhaṭanāgaraSourceLa République lue en français :
Ces exercices de traduction sont très intéressant, car il s'y confirme combien le sanskrit et autres langues du Nord de l'Inde sont proche du grec. La séparation entre "orient" et "occident" est récente : une conséquence des invasions musulmanes. Mais jusqu'au VIIe siècle, il n'y avait qu'une seule culture de l'Inde à l'Europe, un flux d'échanges permanent. Par exemple le manichéisme proposait une synthèse des enseignements du Christ et du Bouddha. L'art "gréco-bouddhique" du Gandhara (actuel Pakistant et Afghanistan) témoigne assez que les Grecs ont dialogué avec les Indiens. Les Questions de Milinda, mettent en scène un moine bouddhiste et un roi grec, Ménandre. Un doc sur le Gandhâra :