Un appartement à Madrid non conventionnel

Par Espaces à Rêver @themuriellel

Aujourd’hui je vous fais visiter l’appartement de 160m2 de l’architecte et décorateur d’origine argentine, Luis Galliussi, et de sa chienne Kaki, à Madrid. Luis a récemment déménagé dans cet appartement, et vivait déjà dans le même quartier depuis 17 ans. Désormais il habite au-dessus de son studio, Plaza de la Encarnación. Avant d’occuper les lieux, le propriétaire a décidé de vendre une bonne partie de tout ce qu’il avait accumulé depuis des années… et de ne garder que ce qui lui tenait à coeur, notamment des objets rapportés de ses voyages. “Le confort me dérange” affirme Luis, épris de liberté… et de créativité. Chez lui, la décoration est hors des conventions, à l’opposé des règles habituelles, et le résultat d’un savant équilibre entre le bohème et le classique, entre l’ordonné et le désordonné, entre le décontracté et le maîtrisé… Une chose est sûre, cet appartement est facile à vivre, pratique, et ressemble à son propriétaire ! Une visite qui va vous donner plein d’idées déco !

Dès l’entrée, le ton est donné avec cette décoration unique et originale : des assiettes en mélamine bon marché achetées à Paris (30 centimes d’euros chaque !) sont accrochées de façon aléatoire sur les murs, mettant en valeur ainsi la belle hauteur sous plafond. Le tout est contrasté par un petit meuble jaune qui sert de vide-poche. Pour le reste, tout est blanc immaculé, du sol au plafond. “Quand une chose possède de belles proportions, peu importe d’où elle vient, ni qu’elle soit en plastique ou en bois, chère ou bon marchée” scande Luis ! 

Côté salon, les murs et sols sont blanc également, comme dans tout le reste de l’appartement. Sur le tapis en maïs tressé, provenant de Murcia en Espagne, est disposée la célèbre table intemporelle de Saarinen (éditée par Knoll), et des chaises tapissée avec des tissus traditionnels boliviens. Non seulement ces tissus sont épais et résistant, mais en plus ils sont hautement colorés ! Des bougies forment le nom de la chienne de Luis, Kaki, et un petit meuble ancien dans son jus vient compléter cet espace spartiate, mais chaleureux. Sur ce petit meuble sont disposés de grands vases transparents. Derrière on aperçoit une console sur laquelle sont posés deux tableaux du peintre Pedro Sandoval. Deux chaises blanches en métal un peu rouillé viennent compléter le tout. Je sais pas vous, mais on s’y sent bien non chez Luis ?

Côté salon, on retrouve la symétrie créée par la console adossée au mur du fond, et les tableaux, ainsi que le très grand miroir doré, sont tous posés sur celle-ci, créant ainsi une composition. Une photo de Gênes de John Martinez côtoie un tableau de Ricardo Lablougle représentant Athènes. On notera les ventilateurs aux plafond qui se reflètent dans le miroir, mis en valeur par cette belle hauteur sous plafond que l’on retrouve dans tout l’appartement. Contrastant avec la base blanche et beige de l’espace, le canapé rouge Gabrielle révèle ses ligne et ses belles proportions. Luis a designé ce canapé en s’inspirant de l’un des appartement de Coco Chanel, dont le prénom était Gabrielle, et l’a fait tapissé d’un beau velour de chez Pierre Frey. On aime les coussins au motif militaire revisité sur le canapé… parce qu’avec Luis, il ne faut pas trop se prendre au sérieux ! L’éclectisme est un art dans lequel Luis excelle ! A droite du canapé, deux magnifiques fauteuils vert anis de Chrisitian Liaigre font face à un petit fauteuil en rotin vintage des années 50 trouvé aux puces de Paris. Eléments étonnants et intiguants de ce salon, les tables basses en bois (si, si !) en forme de pierre que Luis a dégoté à Ramatuelle ! Contemplatives, zen, elles sont posées là… pour mieux méditer ? 

Zoom sur un autre tableau de Pedro Sandoval. Cette photo résume bien le style de l’appartement du propriétaire : une base blanche pour les murs et le sol, des coloris naturels apportés par le bois, le rotin, le mobilier, un peu de métal pour un côté patiné, et bien sûr, beaucoup de couleur ! J’aime tellement l’intérieur de cet appartement : gai, décontracté, paisible…

Détail du tableau dans le salon de Pedro Sandoval.

Dans le grand espace à vivre, Luis a aménagé un petit bureau : table en bois, tabourets utilisés en sellettes, et une belle chaise à l’inspiration africaine achetée chez L.A. Studio à Madrid. La lampe provient de la maison d’une amie de Luis, la paysagiste Ana Martínez Pereira, qui n’en voulait plus. Au-dessus du bureau sont accrochés des bouts de toiles du peintres Pedro Sandoval. Tout ce qu’accroche Luis sur ses murs n’est pas classique et dans les conventions, une belle leçon de déco ! Un seul principe pour Luis en décoration “Faire ce qui me fait envie, ce qui sort vraiment de moi, de mon âme, garder toujours la liberté, ne jamais perdre la poésie et me maintenir bien loin des tendances“.

  

Luis est non seulement architecte, mais également scénographe dans l’événementiel… Chez lui, il ne manque pas également de créer des scénographies en fonction des espaces, avec des objets insolites, de valeur ou non, pour les ériger en oeuvre d’art. Des couvertures roulées et rangées à droite, contre le mur, font écho aux couleurs du tableau de Sandoval. Pour séparer l’espace à manger et l’espace salon, Luis a disposé, entre 2 tapis, un lit de repos.

Luis a par exemple empilé 3 bouts de canapés de la marque Vitra, pour y déposer, au-dessus, une lettre (le K de Kika, son chien) et une sculpture de Adolfo Barón.

  

Le maître des lieux et sa chienne. On notera les planches de skatebord posées sur un tableau, lui-même posé à même le sol. 

Passionné de photo, Luis a accroché et mis en scène sur ce mur tous ses appareils photo, tous de la marque Canon, autour d’une photo de Ricardo Labougle. Rien ne freine Luis dans sa créativité pour décorer son appartement ! 

Qui a dit que le rose n’était que pour les filles ? Surtout pas Lui(s) qui a choisi des tapis ultra colorés dans des tons de rose pour cet espace menant à sa chambre que l’on devine ultra lumineuse, comme le reste de l’appartement. Ici aussi, Luis fait poser l’oeil sur les lignes basses des pièces, et accentue cela avec ces petits fauteuils adorables en bois d’olivier et en laine provenant de la marque Rock the Kasbah créée par le français Philippe Xerri.

Un petit bureau, plutôt décoratif, est disposé devant l’une des fenêtres de la chambre de Luis. A noter que si dans le reste des pièces, ce dernier n’a pas mis de rideaux, ici il a juste installé des stores en fibre naturelle. Luis déteste les rideaux, et affirme vouloir convaincre ses clients de ne pas en mettre dans leurs intérieurs ! Vous avez remarqué la superposition des tapis, et cette belle chaise à l’assise et au dossier noir ? Et le détail des volets intérieurs, blanc immaculés aussi ?

La chambre de Luis est assez spacieuse pour installer un coin lecture, et une bibliothèque pour le moins originale puisqu’elle est construite avec des caisses à fruits françaises… Luis n’est pas architecte pour rien ! Et il aime la symétrie qui est créée, dans cette pièce, par le tableau rouge au centre (toujours de l’artiste Pedro Sandoval), et des 2 statues années 50 située de chaque côté de celui-ci, achetées dans la galerie Tiempos Modernos de Madrid. Pour égayer le tout et réaliser une véritable mise en scène, Luis a utilisé des grandes bobines de rubans (qu’il utilise pour ses scénographies), qu’il a érigées en totem soyeux. Le tapis vient d’Argentine, de la région de Catamarca, au nord-ouest du pays, où l’on trouve une forte tradition de tissages et de textiles.

Côté lit, beaucoup de simplicité et de rafinement avec du linge de lit de chez Ikea et Anthropologie. Au mur, une étoile brille et veille sur le propriétaire… Sur la table de chevet, chinée aux puces de Paris, une petite lampe Tolomeo de chez Artemide, quelques fleurs et une boîte en verre un peu bizarre qui est en fait un ossuaire de Carlos Bustamente (!!!). 

 

Dans ce couloir, les cultures s’entrechoquent : un tableau japonais acheté à Tokyo, une chaise de jardin du 19ème siècle… Et ce cadre dessiné à la main sur le mur qui décomplexe le tout ! Pour Luis, “la chose importante est que la base, les proportions et l’architecture soient bien faits et qu’ils soient puissants. (…) On dit que je suis un anti-décorateur, et c’est quelque chose qui me remplit de fierté.

Le chien de Luis a aussi son “wall of fame” ! De jolies laisses, une photo, et un petit sticker : pas de doute, son maître l’aime plus que tout ! “Tous les ornements doivent avoir un lien affectif, ils montrent une trace, un chemin.” Et c’est un principe qu’il applique donc à la règle pour lui, mais aussi dans tous ses projets. Ainsi, il refuse de livrer des projets complètement clé en main à ses clients “Je n’aime pas terminer mes projets dans leur ensemble, il faut laisser un peu d’espace au propriétaire. Je m’en tiens à leur enlever simplement des idées ou des modes de leur tête et mettre en ordre tout cela … a ma façon” déclare Luis au magazine AD Espagne.

Cette cuisine noire était trop sérieuse pour Luis ! Quelques fleurs, un vieux tableau d’une nature morte, et des céramiques désuètes achetées sur un marché de Saint-Tropez apportent de la personnalité à cet espace où Luis s’adonne à l’un de ses passions, la cuisine. Aux murs ? Quelques dessins qu’il a gribouillés une nuit où il s’ennuyait ! Tomates, poireaux, poissons… Une nature morte contemporaine, et qui apporte de la poésie à la cuisine ! 

Chez Luis, tout est contraste : de couleurs, de styles, de formes, de matières, de matériaux… Y compris dans la cuisine où ce buffet en pin avec ses portes en grillage trône devant une table en métal, et des chaises de jardin du 19ème siècle. Côté vaisselle, Luis fait simple et pratique, tout est blanc… “Je suis extrêmement ordonné sur le plan esthétique même si tout paraît être le fruit du hasard, mais pour pouvoir faire cela, cela nécessite une base méticuleuse et méthodique“. Voilà le secret de son style ! 

Contemporaine, la salle de bain est la seule pièce dont le sol n’est pas blanc ! On imagine un parquet ou un faux parquet en grès cérame… Un beau miroir du 18ème siècle est situé au-dessus de la vasque ovale. Des fleurs dans des soliflores sont posées sur le rebord de la fenêtre. Il ne suffit de pas grand chose pour créer une atmosphère unique dans une pièce… 

Détail de l’entrée. En arrivant dans cet appartement Luis n’a fait que quelques petits travaux, comme par exemple, peindre le parquet tout en blanc avec une peinture époxy. 

Source : AD Espagne

Publié à 16:31 Permalien ∞ Tags: AD Espagne AD magazine Adolfo Barón Anthopologie architecte artemide bois brocante chine Christian Liaigre couleurs decorateur ikea John Martinez knoll L.A. Studio Luis Galliussi madrid métal Pedro Sandoval peinture Philippe Xerri pierre frey Puces de Paris Ricardo Lablougle Rock the Kasbah table Tulip Saarinen tapis Catamarca Tolomeo visites