Bande de Filles // De Céline Sciamma. Avec Karidja Touré, Assa Sylla et Lindsay Karamoh.
Voici donc le film français de l’année. J’ai un instant cru que cela pouvait être Les Combattants sorti en août dernier mais je constate que finalement c’est Bande de Filles, une comédie dramatique tout simplement brillante, portée par un casting de jeunes comédiennes débutantes qui sont bluffantes. La beauté de ce film se traverse grâce aux scènes où l’amitié est mise en scène est un réel moteur pour le film. Car c’est cette bande de filles, cette histoire d’amitié, que l’on a envie de suite tout au long de film et le résultat est assez sensationnel. C’est un film qui se veut aussi joyeux que terriblement dramatique. Car la douleur se ressent elle aussi quand certains personnages commencent à glisser sur la pente douce et à découvrir que leur vie n’est finalement peut-être pas celle qu’on leur avait promis. La vie de Marienne changera quand elle va rencontrer trois jeunes filles. Alors qu’elle est battue par son frère, qu’elle élève ses deux petites soeurs, que sa mère fait plusieurs boulots pour boucler les fins de mois difficile, etc. finalement elle a voulu prendre goût à la liberté. Surtout qu’elle voyait son chemin plus ou moins tracé. Elle est récupéré par cette bande de filles au moment où l’école ne veut pas la faire passer en section de bac général.
Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.
Céline Sciamma, à qui l’on doit déjà le très solide Tomboy et le fascinant La Naissance des Pieuvres, nous délivre ici un film beaucoup plus mature, bien mieux pensé et surtout terriblement attachant. Karidja Touré est ainsi une vraie révélation au milieu de ce casting savamment réussi, porté par de jeunes comédiens qui méritent vraiment la reconnaissance. Le but de ce film est avant tout de nous parler de la reconnaissance, de l’affirmation de soi, et de toutes ces thématiques qui forgent le caractère des enfants des cités. Ils ont besoin d’être vu comme des gens comme les autres, pas comme des marginaux (même si dans Bande de Filles on tente aussi de nous démontrer que la marginalisation leur impose d’entrer dans cette case - on le voit notamment lors de leur petite escapade à Châtelet -). Mais ce sont aussi des adolescent(e)s qui ont besoin de s’affirmer et de prouver au monde qu’ils ne sont pas là pour rien. Les relations qu’ils vont tisser ensemble c’est l’une des choses les plus merveilleuses qu’il soit. Céline Sciamma nous démontre qu’au fond elle sait très bien parler de l’adolescence et de ses problèmes. Que cela soit s’accepter comme on est ou encore tenter de grandir et d’évoluer dans la vie.
L’une des choses qui force le plus le respect dans Bande de Filles c’est l’énergie qui naît de la fameuse Bande de Filles. Une aussi belle scène d’amitié que celle à laquelle on assiste sur Diamonds de Rihanna ne pouvait apparaître que dans le meilleur film français de l’année. Le film n’oublie pas non plus de montrer du doigt le fait que la cité n’a pas toujours une bonne influence sur les gens et qu’il est difficile d’en sortir. Cela pourrait apparaître comme cliché mais c’est tout le contraire. D’ailleurs, je trouve que Bande de Filles respire la réalité. Ce que l’on pourrait voir comme des clichés est finalement quelque chose de sincère qui se déroule probablement au coeur de ces cités (la scène de silence soudaine au début du film par exemple, lors de l’entrée dans la cité). Entre rires et larmes, on vit tout avec ces filles et c’est aussi ce qui rend Bande de Filles aussi attachant et intelligent. L’énergie est là, constante, sans jamais vraiment oser nous laisser de répit. Le but est de nous maintenir dans cette vie qui ne peut aller que de mal en pis, la vie de Marienne change au fil du film, au fil de ses coiffures (ce qui marque d’ailleurs le plus le personnage et ses changements).
Note : 10/10. En bref, film français de l’année.