La Venus de Milo est l'une des oeuvres majeures du Louvre, à peine eclipsée par La Joconde de Leonard de Vinci et certainement au même niveau de notoriété que La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix. Seulement, Paris et la France en général, la voulait son oeuvre antique. En 1820, le précieux sésame entre dans les salles de cet ancien palais avant d'être maintes et maintes fois déplacées.
L'handicapée
Pourquoi dans le top 10? L'oeuvre antique du Louvre
Composée de deux blocs de marbre finement travaillés durant l'époque héllenistique, celle où l'art grec fusionnait avec les arts d'autres civilisations conquises, ce n'est pas cet aspect de travail qui rend la Venus de Milo si célèbre. Ce que tout le monde se pose, c'est de savoir où sont ses deux bras et pourquoi ne les avoir jamais restaurés? La statue doit-elle à jamais resté handicapée ou n'est-ce pas là son plus grand charme? Peu importe, ce n'est pas nous qui déciderons et cette Aphrodite demeurera ainsi figée même si son drapé mouillé est en mouvement.
La Venus de Milo a été retrouvé sur l'île de Melos en 1820 mais elle faisait partie d'un plus grand ensemble, sans qu'on ne sache jamais de quoi il s'agissait (un gymnase peut-être?). Il faut l'imaginer différent, surement colorée car l'art grec est polychrome et pas seulement fait de marbre. Mais voilà le temps et le fait qu'elle soit à l'air libre ont dilué et fait disparaître la couleur. Des trous de fixation sur la statue ont révélé également qu'elle était parée de bijoux, notamment d'un bracelet mais aussi d'un bandeau dans les cheveux. On pourrait penser qu'il s'agisse là de l'art classique grec mais à la période hellénistique, on le redécouvrait et on le remettait au goût du jour. La forme hélicoidale, c'est-à-dire en forme d'hélice, est quant à elle propre à l'hellénisme.
Et si La Vénus de Milo n'avait rien à voir avec Vénus? Les historiens de par sa nudité qui était une des caractéristiques de la représentation de la déesse de l'amour en ont conclu assez vite qu'il s'agissait là de Vénus. Seulement voilà, aucun attribut sur la statue, ce qui ne nous permet pas de savoir de quelle divinité il s'agit. D'autant que sur l'île de Mélos, lieu de la découverte, on célébrait Amphitrite, la déesse des mers. Au fil des décennies, le mystère s'est épaissi et on ne peut plus affirmer qui ces traits représentent.
Comme je l'ai souligné dans le titre, c'est l'oeuvre phare du Louvre, celle dont la France avait besoin après des années agitées, celles de la Révolution et de l'Empire. Si vous arrivez à bien vous repérer dans le temps, 5 ans plus tôt, Napoléon abdiquait définitivement et celui qui avait fait la guerre s'était octroyé les trésors antiques et d'autres des Etats conquis. Après sa défaite, il a fallu tout rendre à l'Allemagne et l'Italie (2 pays qui n'étaient pas encore unifiés), deux pays férus d'Antiquité, dont le célèbre Laocoon, propriété des musées du Vatican. Il n'y avait donc plus d'oeuvre antique phare au Louvre d'autant qu'au même instant, de l'autre côté de la Manche, le British Museum accrochait la célèbre frise des Panathénées sur ses murs en 1816. Cette découverte était donc une aubaine pour la France, sentiment d'autant plus exacerbé qu'un an plus tard,en 1821, la Grèce menait la guerre d'indépendance face à l'empire ottoman. Un véritable courant philhellène s'emparait des intellectuels français dont Eugène Delacroix. Je vous l'avais bien dit que de la Venus de Milo à La liberté guidant le peuple, il n'y avait qu'un pas et quelques marches au Louvre.