Meurtres, secrets et folie dans « la Souricière », pièce policière mythique par la maîtresse du crime, Agatha Christie. Un revival tout aussi savoureux au théâtre du gymnase par la Compagnie des Hauts de Seine jusqu’au 28 décembre.
Au programme : Il fait froid à Monkswell Manor. Si froid que le jeune couple Molie et Giles Ralston tremble. De froid ou de peur. Les nouveaux mariés nettoient les plâtres de leur pension familiale « Monkswell Manor » affichant déjà complet. Mais qui sont ces 5 pensionnaires aussi excentriques qu’inquiétants? Que fait donc cet inspecteur dans ce B&B de campagne? Y a -t -il un rapport avec le meurtre commis la veille à Londres au Culver Street? Et si l’assassin était dans cette maison?
On y va/on n’y va pas? Agatha Christie, Hercule Poirot, Miss Marple et cie font les belles heures des après-midis chez mamie, le nez dans les gâteaux et les tea time à étages. Mais la reine du crime partage aussi ses loisirs dans les bibliothèques (où il y a souvent un cadavre… ) et … sur les planches. L’écrivain aux romans très visuels devait bien un jour passer du côté du théâtre. L’oeuvre de 1952 jouée depuis 60 ans à Londres reprend à Paris.
Décalage horaire totalement bien mené par la compagnie des Hauts de Seine pour la 4° saison. Tant de temps pour voir un banal polar vintage ? Justement voilà La Souricière n’est pas une pièce comme les autres. Ecrite par une main de « maîtresse », évidemment, la pièce devient totale et saisit dès la première seconde le spectateur. Saisit ou plutôt fait frémir, car de l’angoisse et de la peur, il y en a dans le texte, bien sûr, mais aussi dans la mise en scène. Au point que certains soupirs des spectateurs sous- entendent non pas l’ennui mais l’apaisement, comme une façon de se rattacher au siège et de relativiser : « mais ce n’est qu’un spectacle ». Certes, mais pourquoi alors quelques phrases se chuchotent-elles dans le noir : « je crois que j’ai peur maintenant ». Pour tenir ce rythme lourd et présenter la palette de personnalités un peu à part, les 8 fantastiques, la compagnie des Hauts de Seine ne lésinent pas sur un jeu tantôt outrancier et souvent tendu.
Un poil français … l’on croirait entendre parfois les portes claquer. C’est aussi ça la Souricière, passer du sourire aux larmes en 2 questions, faire frissonner puis vibrer. Ça s’appelle le talent de jeu. Pour l’intrigue, il vaut mieux respecter la volonté de la reine noire : « Chers spectateurs, complices du crime, merci d’être venus. Et de ne pas révéler l’identité du meurtrier ». Tout est dit.
Tous les dimanches à 17h30 au théâtre du gymnase jusqu’au 28 décembre.