After Pixar and Marvel exhibitions, Art Ludique – The Museum reveals a retrospective Studio Ghibli's films around 1.300 original drawings: Exhibition Studio Ghibli Layout Designs, Understanding the secrets of Takahata and Miyazaki animationMore in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Ceux qui apprécient les univers d'Isao Takahata et Hayao Miazaki pour leur poésie, leur spiritualité, leur vision animiste de l'écologie... seront probablement surpris par cette exposition rassemblant 1.300 dessins originaux (des layouts) de l'intégralité des films réalisés par le studio Ghibli (du premier, Nausicäa dans la vallée aux succès mondiaux de Princesse Mononoké jusqu’au dernier film Le conte de la Princesse Kaguya ainsi que quelques dessins animés ayant bercés notre enfance).
Un layout... un quoi ?
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Le layout est un dessin original. C'est une étape à part entière du processus de création de l'animation « à l'ancienne » puisque ces documents sont donc intégralement dessinés à la main.Le layout représente un plan détaillé permettant de synthétiser toutes les informations relatives à la scène : emplacement des décors et des accessoires, les personnages présents dans le cadre, les mouvements de caméra, leur vitesse,… tous les secrets de réalisation en somme. Il permet ainsi d’obtenir une vision d’ensemble et une homogénéité dans le processus de création. Le layout est souvent dessiné par l’animateur responsable du plan (parfois le réalisateur, notamment Miazaki qui aime avoir un œil sur tout) puis il est vérifié par le réalisateur et le responsable technique. Bon, cette précision technique étant faite, revenons à l’exposition.
Une exposition très technique
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Si l’ambition d'Art Ludique-Le Musée est « d’élever les arts de l'entertainment à la dignité de l'art contemporain » (cf. L'Express) alors mon sentiment est mitigé. Certes cette exposition a le mérite de dévoiler l’art derrière l’art, ou plutôt l’artisanat derrière l’art, mais son approche est si pointue, si technique, qu’elle est finalement difficilement accessible. L’exposition débute d’ailleurs par une salle présentant les différentes techniques utilisées : comme par exemple le multiplane (consistant à photographier un dessin pour lui donner de la profondeur) ou encore le terme de follow (désignant la vitesse du mouvement), le track back, la double exposition ou le « dabuwashi ». Vous avez déjà oublié le premier terme technique de cette liste ?... Ce fût mon cas à peine arrivée dans la seconde salle.Néanmoins, un effort de vulgarisation a été fait sur certaines scènes de films et appuyé par l’audioguide. Il est donc vivement recommandé de se munir de l'audioguide, très bien réalisé avec un résumé de chaque film et une musique d’ambiance. Par exemple : comment dessiner un arbre séparé du décors pour pouvoir faire passer un personnage derrière cet arbre ? Ou encore, comment créer une illusion de mouvement comme dans Kiki la petite sorcière, en suivant le personnage sur un layout très large (un plan follow pan) durant 9 secondes. Ou enfin, dans Nausicäa, comment donner un aspect étiré à l’arbre géant en utilisant un plan pan up avec deux points de fuite afin de rendre une impression de force quasi écrasante de la nature ?
L’exposition permet également de prendre conscience de l’aspect artisanal de la conception d’un animé dans le Studio Ghibli. Tout d’abord par la présentation des outils utilisés : pas d’ordinateur mais des crayons, des stylets de gaufrage, une règle à tenons. Le travail pour Miazaki comme pour Takahata demande de la minutie tout autant que de la créativité. Tout ce qui est dans la tête du réalisateur est présent sur le layout : il est alors impossible de dissocier art et technique.
Une scénographie déroutante
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Le musée Ghibli de Mitaka (au Japon) est ludique, enfantin, poétique : avec la reproduction du bureau de Miazaki, une salle de jeu pour enfants avec un ChatBus à taille gigantesque, le robot de Laputa sur les toits et un film de 10 minutes diffusé en exclusivité en fin de parcours. En comparaison, la scénographie de cette exposition temporaire peut sembler parfois trop dépouillée. Principalement les premières salles : en cherchant l’épure on tombe parfois dans l’austérité.Ouf ! Dès la salle consacrée à Princesse Mononoké, il se passe (enfin) quelque chose, comme la reconstitution du couloir menant au bureau de Yubaba dans Le voyage de Chihiro... Mais quand même, cette exposition ne laisse pas un franc goût de ludique (c’est dommage étant donné le nom du musée !) et cela participe au sentiment trop technique de l’exposition.
Néanmoins, les fans du studio Ghibli apprécieront de découvrir l'envers du décor de la création de leurs animés favoris. Une surprise de fin très ludique conclut d'ailleurs en beauté la visite et la boutique offrira aux collectionneurs un merchandising Totoro (et autres) toujours aussi kawaï.
Marjolaine G.
En savoir plus :
- http://artludique.com/ghibli.html (site officiel de l'exposition)