-J.Morrison
David Lynch est un auteur qui me hante depuis la toute première fois où j'ai vu un de ses films (Wild at Heart en 1990).
Je me rappelle encore l'étrange sensation confuse qui m'avait habité à la sortie du visionnement de Mullholland Drive, tout paraissait soudainement étrange, changé, la vie normale avait été bousculée. Je sortais de deux heures à l'intérieur de la tête de David Lynch et ceci allait bouleverser mon monde extérieur. C'était une expérience extraordinaire. Ça s'est répété pour Blue Velvet, Dune et surtout Lost Highway.
Quoique toujours plaisants.
J'ai jubilé pour Twin Peaks & Twin Peaks: Fire Walk With Me.
Ses films se situent souvent entre le film d'art et le film commercial. En vérité, ils occupent un troisième et complètement différent territoire. La plupart de ses films n'ont pas réellement de narration objective et de cette manière ils sont imperméables à une interprétation conventionnelle, que l'on réserve habituellement aux films habituels.
Les films de Lynch sont à vivre comme une expérience et non à être expliqués.
Ils sont séduisants mais pas dans le sens traditionnel sens de "séduisant et réconfortant" mais plutôt dans le sens non linéaire de l'inexpliqué déstabilisant. Le spectateur n'a jamais l'impression que l'auteur nous présente son film pour nous plaire, mais plutôt pour ouvrir une partie de sa psyché. C'est ce qui est particulier de l'auteur du Montana, quand on entre dans son cinéma, il n'y pas cet habituel contrat avec le spectateur qui propose que le réalisateur vous donnera ce que vous voulez voir. Cet inconfort naît de cet absence de protection, naturelle en sol connu, qui nous tient généralement en confiance devant un médium aussi puissant que le cinéma. Une protection naturelle, voire nécessaire.
Alors que nous sommes maintenant flambant nu.
D'où l'inconfort.
Ou l'agréabilité c'est selon.
La nudité est séduisante en amour.
Voilà pourquoi l'effet de ses meilleurs films sont souvent aussi vibrant et/ou cauchemardesque.
Nous sommes sans défense lorsque charmés,
Nous sommes aussi sans défense dans nos rêves.
L'amour bouscule.
Certains diront qu'il s'agit d'un simple désordre artistique, d'autres de génie créatif.
Douce parade.
Ceux qui auront raison parleront de la mutation de deux.
David Lynch a annoncé récemment que Mark Frost et lui avaient repris l'écriture de Twin Peaks et qu'une seconde vie à la série télé seraient en ondes d'ici l'an prochain.
Je connais peu de "reprises" qui ont bien fonctionné.
Je m'accorde le doute sur l'idée.
Mais suis prêt à être séduit à nouveau.