Tu te reposeras pour toujours,
Mon cœur las. Est morte l'ultime illusion,
Qui me faisait croire immortel. Morte. Je sais bien,
Dans mes rêves les plus chers,
Que non seulement l'espoir mais aussi le désir s'est éteint.
Repose pour toujours. Tu as assez
Battu. Rien ne mérite
Tes fièvres, et d'aucun soupir n'est digne
La terre. Amertume et ennui,
La vie, jamais rien d'autre ; et fange est le monde.
Apaise-toi, maintenant. Désespère
Une dernière fois. A notre espèce le destin
N'a donné que de mourir. Méprise désormais
Et toi-même, et la nature et la brutale
Puissance qui, cachée, régit le malheur universel,
Et l'infinie vanité de tout.
Giacomo Leopardi : " A soi-même", Chants 1833