La maladie Ebola, connue durant de longues années sous le nom de fičvre hémorragique a déjŕ entraîné 4 555 décčs au 21 octobre dans 7 pays sur 9 216 cas déclarés. Alors n’était-il pas impérieux pour les autorités françaises de prendre des décisions quant aux passagers en provenance de l’Afrique de l’ouest et notamment des pays oů sévit le plus ce virus, ŕ savoir La Guinée et sa capitale Conakry, Le Libéria (Monrovia) et la Sierra Léone (Freetown) ? Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont été les premiers ŕ instaurer des mesures médicales sur leur propre territoire alors męme que la Grande-Bretagne n’accueille aucun vol direct en provenance des ces trois pays. Et pourtant, Londres qui a instauré les contrôles de températures ŕ Heathrow le 14 octobre sur un vol en provenance de Monrovia via Bruxelles, a prévu de tels contrôles ŕ son aéroport de Gatwick et au terminal d’Eurostar.
En France les contrôles depuis le 18 octobre au terminal 2E de Roissy Charles de Gaule se font sur les vols en provenance de Conakry, la seule ville desservie par un vol direct d’Air France, mais pas de contrôle de passagers en provenance des trois pays touchés et qui auraient transité par un autre pays. Donc pas de contrôle ŕ Orly oů beaucoup de ces passagers entre sur notre territoire.
Aux Etats-Unis, les contrôles se font non seulement ŕ New York JFK, mais aussi ŕ Washington Dulles, Newark Liberty, Chicago O’hare et Atlanta Hartsfield. Alors męme que tous les passagers - qu’ils voyagent vers la Grande-Bretagne, la France ou les Etats-Unis - sont supposés avoir déjŕ été contrôlés ŕ l’aéroport de départ. Or, il faut noter qu’en terme de précautions, Washington Ť fait fort ť, puisqu’aujourd’hui, il n’existe que deux compagnies aériennes américaines qui desservent l’Afrique par des vols directs, il s’agit de United et de Delta Air Lines, cette derničre ayant d’ailleurs suspendu ses vols sur Monrovia en aoűt dernier.
Un contrôle qui sera donc coűteux et dont l’efficacité n’est pas avérée. Bloomberg rappelle en effet qu’en 2003 lors de l’épidémie de la grippe aviaire, ce syndrome respiratoire aigu sévčre (SRAS) généré par le virus H5N1, avait fait elle aussi l’objet de contrôles par prise de température sans contact des passagers, notamment ŕ l’arrivée des voyageurs en Asie d’oů était partie l’épidémie.
Or, sans pouvoir faire ressortir le coűt du seul contrôle de température, il ressort des études menées par l’Association nationale du transport aérien (IATA) que le SRAS a induit en 2003 une dépense globale estimée ŕ 33 milliards de dollars. Bloomberg rapporte aussi les propos de Thomas Frieden, directeur des centres pour le contrôle de la prévention des maladies, qui estime męme que le coűt global du SRAS s’est élevé ŕ 40 milliards de dollars, non pas tant ŕ cause de la maladie, mais ŕ cause des réactions qu’elle a engendré.
Alors, que vont ętre les conséquences du virus Ebola qui contrairement au SRAS se transmet par contact direct avec du sang ou rejets contaminés alors que la grippe aviaire se transmet soit par contact avec des volatiles infestés mais aussi par contamination aérienne ? Il est encore trop tôt pour le dire avec précision car les premiers cas ne viennent que de se déclarer en Europe et aux Etats-Unis. Difficile aussi de faire une analogie complčte avec la grippe aviaire. En effet, ŕ cette époque le trafic aérien était aussi affecté par la guerre en Iraq. Si bien que ces deux événements combinés, les pertes qu’ont accusé les seules compagnies aériennes avaient été estimées par Aviation Strategy International ŕ prčs de 5 milliards de dollars en 2003.
Cynisme peut-ętre, mais il est heureusement impensable et irréaliste de faire une simple rčgle de trois en divisant le coűt du SRAS (environ 40 Md$) par le nombre de décčs, Ť seulement ť un millier de morts pour le SRAS, et de le multiplier par le nombre de décčs ŕ ce jour engendrés par Ebola pour savoir combien Ebola a déjŕ coűté.
Mais il va sans dire que l’épidémie aura du mal ŕ ętre contenue en Afrique de l’Ouest męme si aujourd’hui on se félicite que le virus soit éradiqué du Nigeria. Car les entreprises, que ce soit des sociétés de service comme les compagnies aériennes, les industriels comme les métallurgistes, pétroliers ou autres qui ont des activités dans ces pays refusent que ces territoires soient renfermés sur eux-męmes. Non seulement cela priverait lesdites entreprises de leurs activités, mais cela, arguent ces męmes entrepreneurs, priverait les états concernés des ressources nécessaires ŕ combattre la maladie.
A l’heure oů une lueur d’espoir se faisait jour chez les compagnies aériennes qui bénéficient ŕ plein de la baisse du coűt du pétrole, le transport aérien déjŕ affecté par des situations géopolitiques difficiles, n’avait pas besoin de cette poudričre qu’est Ebola.
Nicole B. pour Aeromorning