Avant toute chose, et au risque d’en faire hurler certains, je me dois d’avouer que je n’avais jamais mis les pieds au musée du Quai Branly. Et je n’en connaissais pas beaucoup plus d’ailleurs sur les Mayas.
C’est donc avec un œil totalement innocent –et ignorant- que je me suis aventurée dans le jardin du musée pour enfin découvrir les trésors de la civilisation Maya. Et j’en suis ressortie enchantée.
Pot anthropomorphe © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique
L’exposition commence par situer les Mayas dans l’espace et dans le temps, pour ensuite laisser place à une découverte progressive et thématique de la civilisation. Plongée donc au cœur d’une culture millénaire dont la modernité et la complexité laissent béats. Face-à-face garanti avec des œuvres plus saisissantes les unes que les autres.
L’intérêt de l’exposition repose en grande partie sur la richesse et la beauté des œuvres exposées. Près de 400 chef-d’œuvre sont présentés, parmi lesquels des découvertes archéologiques très récentes. On découvre un art précis, coloré et poétique qui n’a rien à envier aux œuvres occidentales de l’époque.
Ainsi, cette figurine polychrome en céramique de toute petite taille qui pourrait représenter un dieu sortant d’une fleur, symbole de l’éclosion et de l’apparition du divin dans la nature.
Figurine polychrome © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique
La salle consacrée à l’étude du lien entre la nature et les hommes insiste sur la représentation Maya de la nature comme cadeau et représentation des dieux. L’art honore donc lui aussi la nature par une multitude de représentations toujours plus poétiques.
Cette grenouille en or avec des incrustations de turquoise en guise d’yeux symbolise ainsi les divinités aquatiques et l’inframonde. Le coassement étant en effet associé à l’annonce de la pluie, et donc à une logique de régénération de la Terre.
Grenouille en or aux yeux de turquoise © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique
L’exposition s’intéresse ensuite à la vie quotidienne, politique et sociale de la civilisation Maya. On découvre alors une organisation de la Cité qui répond toujours à des impératifs sacrés. Les forces sacrées étant à l’origine de tout ce qui se passe dans le monde, la société se devait donc de les respecter. La cité est ainsi conçue comme un microcosme semblable au modèle macrocosmique qu’elle honore.
Le système linguistique Maya vient ensuite, parmi les plus complexes du monde. Et cette langue fascinante sert de biais par lequel la civilisation Maya se livre au monde moderne. Les Mayas avaient en effet conscience de leur futur et inscrivaient leur histoire sur les monuments. Les ruines Mayas s’offrent donc au déchiffrement des archéologues comme un immense livre à ciel ouvert.
« La Reine d’Uxmal », sculpture provenant de la façade d’un bâtiment, représente un serpent orné de cercles –symbole de l’eau et de ce qui est précieux- de la gueule duquel sort une tête humaine. Il s’agit de la représentation d’un rite initiatique grâce auquel un individu devient prêtre-chamane.
La Reine d'Uxmal © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique
Entre-temps, on passe d’une salle à l’autre pour découvrir la vie quotidienne des Mayas, leur rapport au temps et aux astres, le cœur des cités, les élites gouvernantes, les forces sacrées, le rapport de l’homme au divin et ses rites.
Et on finit par une salle consacrée aux rites funéraires. On découvre alors les trésors de finesse et de beauté que sont les masques funéraires qui recouvraient le visage des mourants. Les multiples objets exposés nous apprennent aussi toute la symbolique de la mort comme chemin de l’esprit vers l’autre monde.
L’exposition finit là, face à la mort des Mayas, après un chemin initiatique au cœur d’une civilisation extrêmement riche et complexe.
Masque funéraire de Calakmul avec ornements d'oreilles © Museo Regional de Campeche, fort de San Miguel, ville de Campeche, Campeche, Mexique
L’exposition est donc aussi intéressante que saisissante, artistiquement et historiquement. On peut regretter cependant que, malgré une influence reconnue de l’art Maya sur l’art mexicain moderne, l’exposition n’insiste pas sur ce lien entre passé et présent. Le titre de l’exposition « Révélation d’un temps sans fin » aurait pu en effet aussi renvoyer à la postérité de la culture Maya. Sa richesse et sa complexité sont cependant suffisamment bien mises au jour pour que cette absence du lien avec le présent soit pardonnée.
Maya – Révélation d’un temps sans fin.
Du 7 octobre 2014 au 8 février 2015
Musée du Quai Branly. Galerie Jardin
tarif plein 9 € / tarif réduit 7 €