Cet article a été rédigé par l’équipe Télécoms, Innovation et Médias de Sia Partners, retrouvez-le également sur le blog Telecom.
Régler ses achats instantanément du bout de son doigt ? Telle est l’ambition du système de paiement Apple Pay, présenté par la firme de Cupertino lors de sa Keynote organisée le 9 septembre dernier. Pourtant nombreux sont les acteurs qui ont tenté de révolutionner le paiement sans contact en s’appuyant notamment sur cette même technologie NFC ajoutée aux iPhone 6 et 6 Plus. Or, le paiement NFC représente à peine 1% des paiements dans le monde à ce jour. Pour le PDG d’Apple, la raison de cet échec est simple : les acteurs du paiement mobile se sont concentrés sur la création d’un modèle d’affaires rentable plutôt que sur l’expérience utilisateur. C’est donc sous cet angle qu’Apple a conçu Apple Pay, un processus de paiement mobile “plus rapide et plus sĂťrâ€� qui allie les technologies NFC et biométrie. Cette promesse articulée autour de la sécurité et de la facilité d’utilisation sera-t-elle suffisante pour enfin faire décoller le paiement mobile ?
Pour 64% des utilisateurs de smartphone et de tablette, la sécurité est l’un des freins les plus importants à l’adoption du paiement mobile. Apple en a donc fait l’un des fers de lance de son offre, afin d’éviter les écueils de sécurité rencontrés par ses prédécesseurs. La fonctionnalité longtemps attendue du NFC est ainsi complétée par Touch ID, introduit fin 2013 sur l’iPhone 5S, qui permet de payer son achat de manière fluide et instantanée, sans avoir à entrer le traditionnel mot de passe ou code PIN de carte bleue. Ce lecteur d’empreinte digitale permet d’authentifier l’utilisateur à l’instant où l’on pose son doigt sur le bouton d’accueil de son iPhone. Ce recours à la biométrie pour sécuriser le paiement mobile semble d’ailleurs s’inscrire dans une tendance de fond : Samsung et Paypal proposent déjà ce procédé sur les Galaxy S5 et Alipay, le système de paiement d’Alibaba utilisé par 500 millions de consommateurs, le proposera également sur certains smartphones du constructeur chinois Huawei. En plus de la biométrie, Apple a ajouté sur iPhone 6, iPhone 6 Plus et Apple Watch une nouvelle puce Secure Element permettant de stocker les informations de paiement de façon cryptée, et notamment les informations de la carte bancaire dématérialisée dans l’application Passbook. A noter qu’Apple a même pensé à une option d’effacement des données bancaires à distance en cas de vol ou de perte du téléphone. Enfin, afin de minimiser les risques de fraudes, un système de tokenisation a été introduit : il permet de générer pour chaque paiement un numéro et une clé de sécurité à usage unique.
Au delà de ces éléments de sécurité de son portefeuille dématérialisé, Apple mise sur un processus de paiement rapide et simplifié utilisable dans un large réseau de magasins pour faire décoller l’adoption de son service. Apple, deuxième marque la plus puissante du monde en 2014 selon Forbes, a ainsi consolidé un important réseau de partenaires autour d’Apple Pay. Aux Etats-Unis, cet écosystème réunit aujourd’hui des enseignes comme McDonald’s, Disney, Subway, Target, et plus de 220 000 autres magasins. En ligne, en plus de ces grandes enseignes physiques, la firme de Cupertino a réussi à convaincre les acteurs de la monétique, American Express, MasterCard et Visa, de l’aider à construire son service de paiement, ce que ni les trois opérateurs américains, AT&T, T-Mobile et Verizon, ni Google n’avaient réussi à faire pour leur portefeuille mobile respectifs.
Le paiement qui connaît depuis plusieurs années une transformation en profonde avec l’arrivée d’Internet, du web et du mobile, s’apprête à subir la même disruption que le secteur de la musique ou de la vidéo avec l’entrée de nouveaux acteurs. Avec son “one touch paymentâ€�, Apple Pay pourrait bien révolutionner le processus de paiement mobile de la même manière qu’Amazon l’a fait sur le web avec son paiement en un clic, introduit en 2009. Finis la fouille du sac pour retrouver son portefeuille à la caisse en magasin ainsi que les interminables formulaires de paiement en ligne à remplir sur petit écran : l’achat instantané avec son doigt sans code ni mot de passe pourrait séduire les plus pressés, mais aussi les (e-)commerçants dont les taux d’abandon au moment de la transaction sont élevés. Cependant, même si on compte déjà 10 millions d’utilisateurs d’iPhone 6 et 6 Plus une semaine après leur commercialisation, il faudra bien plus de temps et d’énergie qu’un toucher d’écran pour qu’Apple Pay change résolument le paysage du paiement mobile‌
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