Narcisse Pelletier aura connu un destin des plus extraordinaires. Lui, qui avait embarqué sur la goélette Saint-Paul au milieu du 19ème siècle ne se doutait pas de ce que sa vie sera faite pendant 17 années.
Echoué sur une plage d’Australie, ce jeune homme d’à peine une vingtaine d’années, va devoir s’adapter à une existence rudimentaire au milieu des sauvages qui vont peu à peu l’intégrer et lui apprendre les lois de la nature. C’est en 1875 qu’un navire Anglais, le John Bell va le recueillir probablement contre son gré pour le ramener en Europe.
Un homme, Octave de Vallombrun dans l’histoire imaginée par François Garde, passionné de sciences, va s’en occuper jusqu’à ce que les repères primaires de Narcisse puissent lui revenir en mémoire.
Un texte fort qui offre à ses lecteurs un double rythme. Entre l’histoire de Narcisse Pelletier racontée par un narrateur omniprésent et les lettres envoyés par Octave au Président de la Société de Géographie, on découvre ce parcours humain hors du commun avec curiosité.
Dès les premières pages, on est épris de cette nature qui s’étale devant nos yeux et crée une ambiance toute particulière. On n’a peu de mal à imaginer le sable chaud sous nos pieds, la soif, la crainte éprouvée par le jeune homme qui deviendra un autre homme au sortir de cette aventure.
Fait réel, la fascination opère et on se demande comment un homme éduqué a pu perdre tout repère et toute humanité ainsi que l’usage de la parole et de la bienséance.
Un texte qui met à l’épreuve notre imagination, nos préjugés et nous pousse à en savoir plus.
En effet, l’histoire se déroule au même moment que l’implantation de colonies de bagnards amenés d’Angleterre aux abords de Sydney et le livre nous donne les premières indications d’une Histoire foisonnante et dense.
Les pages défilent et on y découvre comment l’homme va retisser des liens avec ses racines et tenter de vivre comme avant.
Mais est-ce bien possible après 17 années en marge de la société ?
Bravo à l’auteur pour ce premier roman qui a remis au goût du jour cette page de l’histoire Australienne avec brio et a reçu le Prix Goncourt du Premier roman en 2012.
Merci à Aurélie R. pour ce conseil de lecture !
Ce qu’il advint du sauvage blanc, François Garde, Gallimard, 2012