Du rayon magazines à celui des produits ménagers en passant par les chaussettes, Christine Jeanney a arpenté tout un magasin, à la rencontre de ses clients. Cette femme avec son grand sac, cet homme qui hésite devant les paquets de café, quelle est leur quotidien ? L’auteure y répond par l’imagination, créant une histoire autour de chacun d’eux, leur inventant un nom, une personnalité et une vie.
Les histoires sont souvent tristes car le passé s’invite douloureusement dans le présent, elles sont faites de solitude mais aussi d’amour. Des portraits d’hommes et de femmes qui m’ont étonné par leur justesse. L’auteure n’est jamais dans le jugement ou le voyeurisme et c’est au contraire, une grande humanité qui transparaît dans son discours. J’ai été particulièrement touchée par l’histoire de ce vieil homme seul, au rayon animalerie. Sculpteur à la retraite, il marche précautionneusement, attentif à ce corps qui ne répond plus toujours comme il le voudrait.
Finalement, le supermarché et ses rayonnages ne sont qu’un prétexte, une porte d’entrée pour explorer des quotidiens ordinaires, la vie des protagonistes se déroulant principalement en dehors de ce centre commercial. L’idée est vraiment bonne et fournit un fil rouge original à ce recueil de nouvelles. J’ai aussi apprécié le fait que l’auteure fasse un lien entre les différents personnages de ses récits, créant par là aussi un continuum intéressant.
Une belle lecture, un moment de détente qui nous pousse à poser un autre regard sur les personnes qui nous entourent.
Une nouvelle lecture pour le challenge Quadrature de Mina.