Il y a quelques jours j’ai découvert l’Atelier d’écriture (projet déjà bien implanté et suivi) de Leiloona du blog Bricabrook … Le principe est simple : chaque mardi, elle poste une photo sur son blog, photo à partir de laquelle il faut s’inspirer pour écrire un texte. Ni genre, ni ton imposé, seul le plaisir d’écrire est requis ! Les textes sont publiés le lundi, sur les blogs des participants ou sur son blog à elle (si on n’a pas de blog).
Alors, quand j’ai vu sa photo, quand j’ai pris connaissance de son « Atelier d’écriture : une photo, quelques mots », j’ai eu envie de tenter le coup ! L’envie d’écrire me (re)chatouille fortement les doigts ces derniers temps. J’espère juste que vous apprécierez, et que vous ne fuirez pas le blog pour autant !
Je vous laisse donc découvrir (avec appréhension) ma 1ère participation à cet atelier d’écriture.
© Marion PlussLUCIE
Elle s’était fait la promesse de ne plus revenir. Trop douloureux. Pourtant, ce matin elle avait eu envie d’y retourner. Elle ne saurait expliquer pourquoi. Elle en avait besoin. Besoin de la revoir une dernière fois. Pourquoi aujourd’hui ? Elle ne le savait pas. Et personne ne savait.
Alors quand Adèle, sa petite fille, était venue après son travail, Lucie lui avait demandé, comme une faveur, de l’emmener.
Adèle n’avait rien dit. Elle savait. Elle l’avait aidé à monter en voiture et avait suivi les indications toujours aussi précises de sa grand-mère. Elle s’était garée dans une rue à proximité, l’avait aidé à descendre de voiture. La nuit était tombée. Un commerçant qui fermait sa boutique la vit et lui sourit. Quoiqu’un peu gêné. Lui aussi savait.
Lucie et Adèle s’étaient installées sur un banc, juste en face du salon de coiffure. Et Lucie s’était allée à quelques confidences.
« J’avais 32 ans quand j’ai ouvert ma mercerie. J’étais tellement fière ! On venait de toute la région pour m’acheter étoffes, rubans et boutons. Quelle déception quand j’ai du fermer. Personne n’était prêt à reprendre la boutique, ta mère ne voulait pas en entendre parler. Elle rêvait de devenir comédienne. Pas mercière. Jamais je n’oublierai. Une jeune femme est entrée un jour et a déclaré que ce local serait parfait pour ouvrir son salon de coiffure. Tu aurais vu ses yeux. Elle était tellement heureuse d’avoir trouvé l’endroit idéal. Je suis heureuse à mon tour de voir qu’elle a réussi et que son salon est toujours là. J’espère seulement que ces murs se souviennent de moi. Moi je n’oublierai jamais les heures passées ici. »
Une larme coulait sur la joue de Lucie.
Adèle lui proposa alors de rentrer et s’aperçut que la petite étincelle dans les yeux de sa grand-mère avait disparue.
Lucie la regarda, étonnée, ne sachant ce qu’elle faisait en ville si tard.
Sur le chemin du retour, Adèle repensa à toutes ces fois où sa grand-mère lui avait confié son histoire. Non, sa grand-mère n’oublierait jamais ces souvenirs. Elle oubliait pourtant qu’elle demandait à Adèle de l’emmener 2 fois par semaine depuis des mois.
Mais sa mercerie lui restait ancrée, comme si c’était le seul souvenir que la maladie d’Alzheimer lui avait laissé.