Voici le reportage de mon ami promis :
« Jeudi 16 octobre 2014, j'approche avec détermination du parc d'exposition du Bourget avec une mission bien précise ; visiter l'exposition mondiale du nucléaire. Oh ! ne croyez pas que je suis un expert du nucléaire, non, mais par contre en innovation j'ai quelques références et c'est avec ce regard que j'aborde cette exposition pour vous en livrer mon rapport d'étonnement.
J'arrive donc devant le Hall 1 du parc ; badge, carte d'identité, détecteur de métal, un accueil un peu singulier pour une exposition professionnelle mais entrer au cœur de l'industrie nucléaire n'est-ce pas un peu comme aller prendre l'avion vers un monde à part ?
Un nombre de visiteurs raisonnables sillonnent les allées. Ce n'est pas la cohue qu'on pourrait voir dans les secteurs d'innovation plus tendance, il semble que le nucléaire soit une affaire entendue entre quelques initiés. La bonne nouvelle c'est que les stands sont très accessibles et les exposants particulièrement prompts à agripper le visiteur.
L'effort semble avoir été mis sur l'international avec 9 pavillons internationaux où la Russie et la Chine dominent de savoir faire et d'expérience. Un peu comme toutes les grosses filières industrielles chaque opérateur national est entouré d'un aréopage de petites sociétés spécialisées en matériaux, en mécanique, en électricité, en refroidissement, en tuyauterie, en ingénierie, en services…
Déambulant parmi les fournisseurs de matériel, de turbines, de tuyaux, de pompes, pour lesquels il m'est difficile d'apprécier l'innovation, on a une impression particulière. Les stands sont souvent déserts, non pas déserts d'exposants mais déserts de visiteurs, un peu comme si le fournisseur était venu pour un seul client et le reste du temps il s'occupe.
L'agitation est plutôt du côté des sociétés de services de construction, de formation, de maintenance, de démantèlement. Là c'est le foyer de toutes les innovations et le démantèlement est sur toutes les lèvres. Les écrans se succèdent avec des simulations tactiles des plus impressionnantes, des environnements virtuels qui semblent prédire le comportement de tous, mais le lien avec la réalité du terrain semble toujours être ce qui fait défaut dans ce type d'innovation. On montre des maquettes virtuelles, on interagit éventuellement avec elles mais tout ceci se passe sur un ou des écrans et non dans la réalité. On sent bien qu'il faut pousser encore l'innovation dans cette direction c'est à dire comment aider l'humain à interagir avec le réel en lui apportant la connaissance du virtuel. Un vaste programme qui s'appelle la Réalité Augmentée.
La puissance et la robustesse des équipements mobiles, tablettes, lunettes, projecteurs, ouvrent l'opportunité de transporter en temps-réel la connaissance virtuelle de la géométrie et du savoir-faire des opérateurs au sein même de leur environnement de travail afin de les assister dans le geste technique, de les aider à contrôler des éléments, de matérialiser l'invisible pour maintenir, former ou pour vendre. Des Jeunes Entreprises Innovantes comme la société DIOTASOFT (diotasoft.com) sont aujourd'hui les premières dans le monde (grâce à un brevet du CEA) à pouvoir introduire des solutions de Réalité Augmentée pour l'industrie qui combinent précision, robustesse et non-instrumentalisation de l'environnement. C'est avec de la cross-fertilisation entre les sociétés du service nucléaire et les sociétés innovantes du logiciel, que la filière pourra bénéficier d'un saut d'innovation au profit de la sécurité.
Il est 18 heures, les bouteilles et les crackers apparaissent sur les stands, il semble que le temps de la réflexion est terminée, place à la fête car le nucléaire, avant d'être une histoire politique, c'est avant tout une histoire d'hommes.
Franck Rougeau
Avec une petite photo en plus.