Rampage 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Présenté à L’Étrange Festival 2014

Titre original : Rampage 2

Note:
Origine : Canada/Allemagne/États-Unis
Réalisateur : Uwe Boll
Distribution : Brendan Fletcher, Lochlyn Munro, Mike Dopud, Michaela Mann…
Genre : Action/Thriller/Suite
Date de sortie : 24 septembre 2014 (DTV)

Le Pitch :
Presque un an après son précédent massacre qui a couté la vie à des dizaines de personnes, le rebelle sanguinaire Bill Williamson refait surface, bien décidé à continuer sa funeste besogne…

La Critique :
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter Uwe Boll, le célèbre réalisateur teuton connu pour ses réalisations catastrophiques et son coup de poing habile n’étant plus à présenter au lecteur assidu de On Rembobine. Ces dernières années, le bonhomme s’était distingué par une série de films beaucoup plus intéressants que les adaptations de jeux vidéos qu’il avait fait dans le passé. De son propre aveu, son but est avant tout de pouvoir développer ses idées personnelles en y investissant l’argent gagné dans ses adaptations faciles, l’intérêt qu’il semble avoir pour ses films controversé étant de toute façon quasi nul.
Avec PostalStoic ou Darfur, Boll peut désormais se « vanter » de ne pas avoir fait que des drouilles, plusieurs de ses réalisations étant réellement dignes d’intérêt, même si de redondantes problématiques techniques semblent le poursuivre tout au long de ses œuvres. Le premier Rampage avait ainsi eu un véritable effet « coup de boule » sur le public…des fans les plus hardcore de Boll jusqu’à des cinéphiles plus exigeants. Le scénario était pourtant très simple : un jeune adulte désœuvré et révolté par la société dans laquelle il vit décide de passer aux actes en trucidant au hasard et à l’arme lourde le maximum de personnes.
Vêtu d’une combi’ en Kevlar et armé jusqu’au dent, Williamson dégommait tout sur son passage avec une froideur et une cruauté qui finissaient par mettre vraiment mal à l’aise. Toute la première partie du film concernait la montée de la frustration du tueur de masse, de ses déboires au quotidien à sa méthodique planification du carnage. Assez étonnamment, ce n’était pas la brutalité du film qui en faisait son essence. Aussi bizarre que cela pouvait paraitre à l’époque, Boll était arrivé à saisir sur pellicule une ambiance particulièrement lugubre où malgré les raisons évoquées par le scénario, la machine à haine semblait tourner à vide…comme une sorte de purge par le meurtre, un ménage morbide où tout le monde est « nettoyé » car forcément sale de quelque chose. Percutant, marquant et très sombre, le premier Rampage avait la force de la surprise, la puissance de son jusqu’au boutisme.

Lorsque j’ai entendu parler d’une suite, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire « Ça y est, Boll va une fois de plus tout foutre en l’air en bousillant sa propre franchise ! ». Tout faux ! Le réalisateur a transformé l’essai de son premier uppercut, et s’il ne bénéficie pas de le fraicheur de l’impact du premier opus, il arrive à convaincre grâce au caractère extrême du propos et une subversion assez osée…et plus subtile qu’on ne pourrait croire au prime abord…qui l’eu cru ?
Bill revient donc pour prendre d’assaut une chaine de télé afin d’y dézinguer, évidement le maximum de monde, mais aussi pour diffuser un message aux masses endormies du public américain.  Grosso modo, Bill veut nous dire ceci : « On se fout de votre gueule à longueur d’années et si vous êtes trop stupide pour le voir, je vais vous montrer à quel point on vous prend pour des bœufs ».
Par rapport au premier opus, l’impact rebelle prend ici source dans un constat amer mais hélas très juste et réel de la façon dont les gouvernements agissent tout en justifiant leurs actes par des argumentaires fallacieux voire complétement mensongers.  Pas de révolutions sans effusions de sang…et Rampage 2 ne conçoit le soulèvement que dans la violence la plus radicale.
À ce moment là, on comprend que le rôle joué par Uwe Boll dans le film est certainement cathartique et très révélateur de ce qu’il pense réellement. Comme souvent, il joue un pourri, personnifié ici en un directeur de programme vil, couard et vénal. Lorsque le héros vomit sa haine de la société dans laquelle il vit, Boll se filme lui même en train de corroborer les dires du tueur : « Ce type a raison » dit il. Si la scène fait rire (il fallait quand même oser…) elle montre aussi à quel point Boll à une sombre vision du monde dans lequel il vit…et plus le film avance, plus le propos est radical.

Boll a en effet déjà dit en interview qu’il y avait trop de monde sur la planète et qu’il n’y avait pas d’autres solutions pour éviter le carnage que « d’enlever » des gens de la surface de la terre. Simple et efficace. On touche dès lors au nihilisme le plus total, quand la rébellion qui au départ vise des coupables identifiés, frappe ensuite au hasard le petit peuple de la société. On pourrait alors reprocher au film de se contredire d’une manière manifeste (voire de prôner des idéologies particulièrement barbares), mais Boll réussit à pointer sans le dire les dommages collatéraux du terrorisme aveugle qui au nom de la rébellion n’hésite pas à tuer des innocents tout en asseyant sur les trônes de cimes de la célébrités 2.0 de cruels meurtriers sans pitié, icônes démoniaques d’une contre culture vengeresse et sauvage. C’est précisément là que Rampage 2 fait très fort en condamnant férocement le terrorisme qui tue, les dirigeants qui mentent et le peuple qui se laisse faire. Comment la violence conditionne et fait taire l’esprit critique…dans d’autres films c’est chiant, avec Boll ça explose de partout.  Du coup, au final, la narration a beau se tortiller dans tous les sens, Boll réussit avec Rampage 2 à proposer un film choquant avec du fond, une mise en image de la violence moderne dans tout ce qu’elle a de plus primitif et de plus archaïque.

On passera sur les défauts classiques de la réalisation de Boll, quelques moments d’ego scénaristiques un peu exagérés et un malaise persistant… Rampage 2, c’est du bon Uwe Boll, un film à voir assurément.

@ Pamalach

Crédits photos : Seven 7