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Digne et courageux mon ami Mohamed Maiz signe son Crime contre Krim

Publié le 20 octobre 2014 par Micheltabanou

Je publie avec plaisir cet article signé par mon ami l'éminent Professeur Mohamed Maiz célébrant le funeste anniversaire de l'assassinat de Karim Belkacem. 
Cela s’est passé un 18 octobre 1970, assassinat de Krim Belkacem. Surnommé le « Lion des djebels » par les français, Krim Belkacem, le signataire de l’acte de naissance de l’Algérie indépendante, est assassiné le 18 octobre 1970, dans sa chambre d’hôtel à Francfort (Allemagne). Voici un article qui résume « l’ambiance » autour de son assassinat.
 
CRIME CONTRE KRIM

 

Krim Belkacem, le révolutionnaire de la première heure, le négociateur en chef et signataire des accords de paix, le militant pour une Algérie de liberté, de la dignité et des droits de l’homme a été découvert sans vie, le mardi 20 octobre 1970 dans une chambre de l’hôtel intercontinental à Franckfurt en Allemagne .
 
UN CRIME D’ETAT A L’ENCONTRE D’UN HÉROS DE L’ALGERIE COMBATTANTE.
Commandité par le pouvoir de Boumedien et exécuté par des agents de services indifférents à l’illégalité des missions qui leur sont confiés.
Ce « faux pas » commis dans le contexte de l’Algérie du conseil de la révolution représente le symbole de la dictature et de l’élimination physique des opposants au régime.
Un crime qui reste encore couvert d’une omerta, et qui, a que quelques rares écrits ou déclarations timides et isolées n’a guère bénéficié d’une mise en œuvre historienne, y compris par les intellectuels et historiens étrangers et notamment Français qui ne se sont jamais hasardés à aller plus que : Krim fut découvert étranglé dans sa chambre d’hôtel a Frankfurt.
Plus surprenant encore, lorsque sa biographie est évoquée, elle débute un jour avant sa naissance, le 14 décembre alors qu’il est né le 15 décembre 1922 et s’arrête avec la crise de l’été 1962, et c’est d’ailleurs ce que va mettre en scène le cinéaste Ali Rachedi, qui n’a rien trouvé de mieux a me dire que la vie de Krim après 62 ne m’intéresse pas !!!!
Certes dans une de ses sorties médiatiques a propos de l’assassinat de Krim, Mr Ait Ahmed désigne un certain Ait Mesbah comme le présumé responsable du crime, mais il n’en demeure pas moins que la réalité est beaucoup plus complexe que ce simple raccourci.
Il faut remonter a avril 69, ou a la suite d’une parodie de justice, les juges de la cour révolutionnaire d’Oran ont condamné a mort Krim Belkacem, au mépris de la justice et de la vérité, sur de faux documents, de faux témoignages et de témoins fabriqués.
C’est de là qu’il faut partir, d’abord de ceux qui ont organisé la sentence de mort ; ils ont pour nom : SNP Abdelghani ! président, cdt Draia procureur ; Hachemi Hadjeres, Abdelhamid Latreche, Makhlouf Dib et autres juges assesseurs…juges et jurés dont les consciences conjuguées ont abouti a la légitimation juridique d’un assassinat d’Etat.
Après cette condamnation et l’appel au meurtre lancé par le quotidien d’État de l’ouest (NDLR El Moudjahid)  « tout Algérien se doit être l’auxiliaire de la justice en exécutant la sentence de mort en tout lieu et en tout moment  » (In El Moudjahid du 8 avril 1969, page 3). La chasse à l’homme pouvait commencer. Khomeyni s’en est inspiré quelques années plus tard pour ces fetwas !
L’ordre donné, chacun (services officiels et parallèles), de son coté, utilisa ses propres ressources, ses propres moyens, ses propres relais pour prendre contact avec Krim, ce qui explique le flou entourant cet assassinat.
Il est certain que sans toute cette armada de personnes qui ont fini par faire douter Krim des réelles intentions du régime, celui-ci ne serait pas tombé dans le piège qui lui était tendu. Lui qui était toujours sur ses gardes et en mouvement. Lorsque le 10 octobre 1970 à Lausanne un coup de téléphone lui donna rendez-vous à Francfort, il confia à un ami qui est venu le chercher pour le conduire à Cointrin : « Je dois me rendre à un rendez-vous mais cela m’ennuie beaucoup ! » Comment ne pouvait-il pas être inquiet lui qui savait que des dizaines de militants de son parti, le MDRA, étaient dans les geôles du régime et qu’il avait la responsabilité et le devoir d’alléger leurs souffrances en prenant langue avec le pouvoir au risque de sa vie.


LA FRANCE LUI REFUSE LE DROIT D’ENTREE


Comment ne pouvait-il pas être inquiet lui qui avait demandé auparavant à ses interlocuteurs de les rencontrer en France et que la France lui avait refusé le droit d’entrer alors que le visa n’existait pas encore ! La France savait-elle quelque chose ? La lettre qu’a adressée M. Buron au président Georges Pompidou lui demandant des explications sur le refus du droit d’entrer à Krim Belkacem est édifiante et rend compte d’une certaine complicité passive de la France dans l’affaire Krim Belkacem. Il est vrai que la France de de Gaule avait déjà sur le dos l’affaire Benbarka où sa complicité active avec le régime de Hassan II ne souffre d’aucune contestation.


LES AUTORITES ALLEMANDES SAVAIENT


Que dire également des autorités et de la police allemande qui ont laissé faire, eux qui étaient certainement au courant de ce qui attendait Krim Belkacem, puisqu’à sa descente d’avion, la police lui a proposé sa protection. Pourquoi la police allemande qui connaissait l’identité des assassins ne les a pas arrêtés ? La non-intervention des autorités allemandes pour empêcher le meurtre est un acte de complicité active. Donc condamnable. Ainsi, l’assassinat de Krim n’a été possible que grâce à la conjonction de plusieurs services, certains actifs d’autres passifs et la collaboration de plusieurs personnes parmi les plus insoupçonnables. Comme pour la tragédie nationale le jour où la vérité, toute la vérité sera dite sur l’affaire Krim, bien des mythes s’écrouleront. Car il y a des vérités qui feront sûrement osciller le sismographe de la conscience nationale et créer un véritable malaise chez beaucoup de ceux qui se sont fait une notoriété sur le dos de Krim Belkacem. En ce 18 octobre 2012, comme chaque année, c’est avec beaucoup d’émotion que nous nous retrouvons à ce rendez-vous avec la mémoire et la vérité empêchée. Dans cette commémoration l’Etat, les pouvoirs publics, le ministère des Moudjahidine, l’organisation des moudjahidine ont toujours été totalement absents dénotant par là l’impression du malaise de l’Etat et de ses relais devant cette affaire. La réconciliation nationale restera insuffisante si elle ne prend pas en compte ce passé, car la problématique à solutionner n’est pas comment faire oublier le passé mais comment tirer d’un tel passé un avenir ? La réconciliation nationale avec le passé ne saurait s’accommoder des tentatives de mainmise politique sur l’histoire que déjà comme par le passé les « blanchisseurs de l’histoire » s’attellent à nous préparer. L’histoire de notre pays, à défaut de la justice, sera-t-elle un jour capable de trancher le sort de ceux qui n’ont fait que trancher les têtes ? Sinon la réconciliation et la paix recherchées ne serait que la tranquillité de l’ordre établi et non de la société.
Enfin, la réconciliation nationale passe inexorablement par la réhabilitation de tous ceux qui ont été injustement condamnés, exécutés, bannis par le système. Pour Krim Belkacem, cette réhabilitation passe par le déjugement de la cour révolutionnaire. La reconnaissance de son innocence, la reconnaissance de la responsabilité du pouvoir et non par donner son nom à un aéroport ou à une rue.

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