C'est la nouvelle maladie qui, partie de Genève, atteint depuis quelque temps Lausanne. Une maladie caractérisée par la tolérance-zéro avec les squatteurs. Une maladie qui fait que même une Municipalité considérée " de gauche " est en bonne voie de liquider les derniers squats de Lausanne.
Jusqu'ici, les autorités s'y prenaient souvent de manière assez subtile puisque, la plupart du temps, lorsqu'une propriété communale était squattée, un projet de logement subventionné, si possible avec garderie, surgissait des cartons. Avec un taux de logements vacants de 0,6%, alors que la pénurie est légalement fixée à un taux de 1,5%, l'incitation à accélérer un peu le mouvement était une conséquence bienvenue du squat.
Mais, les autorités sont de moins en moins finaudes et encore moins correctes. C'est ainsi que l'on a assisté, il y a quelques années, à l'expulsion policière du squat de " La Riposte ". Une propriété de La Poste - le géant jaune qui s'occupe de notre courrier - déjà vide depuis quelques années, qui a été murée et est restée vide presque trois ans. Un scandale en période pénurie de logement !
Depuis début mai, le collectif " Danger de vie " s'est introduit dans les locaux administratifs abandonnés de l'ancienne usine d'incinération des ordures du Vallon. Une usine vouée à la destruction, vide, inutilisée, mais, paraît-il polluée. Elle héberge une dizaine de personnes qui ne demandent qu'à signer un contrat de confiance leur permettant d'occuper les lieux jusqu'à ce que le démantèlement de la chose qui brûlait nos ordures avant Tridel démarre.
Mais voilà que la Municipalité, pour des raisons à géométrie variable qui cachent mal une simple aversion pour les squatteurs, effectue des contorsions dignes d'Houdini pour s'échapper de sa malle des Indes.
Une bien triste histoire d'intolérance ordinaire qui m'a conduit à déposer mardi dernier une interpellation urgente devant le Conseil communal de Lausanne.
La réponse du Municipal des Travaux Olivier Français à des questions visant à savoir si les lieux sont effectivement pollués à tel point que cela nécessite une évacuation d'urgence des squatteurs fut sibylline :
" Compte tenu que l'affaire prend un caractère juridique et voire pénal [...] c'est par une lecture d'un juriste que les réponses seront apportées [...] ".Quand on veut se débarrasser des squatteurs " pour leur bien ", mais qu'on a de mauvaises raisons, on ne répond pas aux questions qui gênent et notamment pas à la dernière :
" L'air des environs de l'usine est-il pollué ? Si oui, les employés de la ville et les habitants riverains sont-ils avertis des risques qu'ils encourent à respirer l'air des environs de l'ancienne UIOM ? ".