Rentrée littéraire 2014 : Madame [Jean-Marie Chevrier]

Publié le 19 octobre 2014 par Charlotte @ulostcontrol_
Hello,

Le roman que je vais vous présenter aujourd'hui est un autre roman sorti à l'occasion de cette rentrée littéraire 2014 : Madame de Jean-Marie Chevrier. Il s'agit d'un livre très rapide à lire puisqu'il ne fait que 200 pages ! Le récit est également très bien mené, ce qui donne un bon rythme à la lecture ; mais je ne vous dis pas tout et je vous laisse découvrir l'intégralité de mon avis plus bas !

C’est une étrange éducation que Madame, veuve excentrique et solitaire, s’obstine à donner au fils de ses fermiers dans un lointain domaine menacé par la décadence. Que cherche-t-elle à travers lui ? Quel espoir, quel souvenir, quelle mystérieuse correspondance ? 
Curieusement, le garçon accepte tout de cette originale. Avec elle, il habite un autre temps que celui de ses parents et du collège. Un temps hanté par l’ombre de Corentin, l’enfant perdu de Madame.
C’est dans ces eaux mêlées que nous entraîne l’écriture secrète, raffinée, et cruelle jusqu’à la fascination de Jean-Marie Chevrier.

Ce que je trouve parfois dommage avec les romans contemporains, c’est qu’ils ne nous racontent pas vraiment d’histoire. En fait, j’ai parfois l’impression que l’histoire que nous raconte l’auteur n'est qu'un prétexte pour nous faire passer un message, que l’histoire n’est là que pour être décortiquée, analysée, que la fin doit nous donner une leçon et que les caractères des personnages ne sont travaillés que pour être psychanalysés. Or, quand je lis un livre, j’attends avant tout qu’il me raconte une histoire. Sinon, je lis des manuels de psychologie.Et le roman de Jean-Marie Chevrier ne m’a pas déçue à ce niveau-là, j’ai trouvé que l’intrigue était très travaillée et j’ai apprécié son originalité. A ma grande surprise, j’étais prise dans le récit et captivée par l’histoire de Madame de la Villonière et de Willy.En réalité, Willy ne s’appelle pas Willy. C’est ainsi que Madame l’appelle, mais son vrai prénom est Guillaume. Il est fils unique et vit avec ses parents dans une petite maison qu’ils louent à Madame de la Villonière ; ses parents sont agriculteurs et cultivent ainsi les terres de la châtelaine.Guillaume a une petite dizaine d’années et passe une grande partie de son temps libre chez Madame, qui lui fait réciter sa poésie et lui enseigne le sens de la discipline. Cela irrite ses parents, et surtout sa mère qui craint qu’une autre prenne sa place et impose à son fils une éducation qu’elle n’a pas choisie.Le mystère plane ainsi autour de Madame de la Villonière et de son domaine : que se cache-t-il derrière les portes auxquelles Guillaume n’a pas accès ? Pourquoi Madame est-elle seule, que veut-elle cacher derrière sa rigueur et sa sévérité ? On sent tout de suite qu’une ombre plane sur le château (le résumé nous met d’ailleurs assez explicitement sur la voie de ce mystère) et le lecteur est tout de suite pris d’intérêt pour l’histoire de Madame, son passé et ses peines.L’histoire que nous raconte Jean-Marie Chevrier est intéressante et fluide à la fois, et le roman est bien construit puisque les événements se déroulent petit à petit à un rythme agréable. Le style de l’auteur est assez simple : sans être plat ni morne, il est quand même assez convenu et ne se perd pas dans des digressions ou dans des broderies inutiles ; il reste ainsi entièrement focalisé sur l’avancement du récit. L’écriture de Jean-Marie Chevrier est à l’image de Madame, dont il veut nous raconter l’histoire : noble, assez émouvante mais dans une certaine retenue.Le narrateur est omniscient, c’est-à-dire qu’on connaît les points de vue et les sentiments de tous les personnages, une certaine proximité est donc créée entre le lecteur, Madame et Guillaume. Avec beaucoup de délicatesse, l’auteur nous décrit ainsi leurs émotions sans prendre aucun parti de telle sorte que le lecteur s’attache aux deux protagonistes de manière égale et les comprend tous les deux. Dans ces conditions, difficile de n’être pas un minimum touché par cette histoire.Justement : j’ai été touchée un minimum par cette histoire. J’ai apprécié ma lecture et les personnages mais je n’ai pas été vraiment troublée par le récit, le style ou le passé des protagonistes.En somme, c’est une histoire que j’ai surtout appréciée pour son intrigue originale et prenante. A part ça, je n’ai pas été transcendée par le livre ; il ne m’a pas fait rêver, étonnée ou interpellée : selon moi, c’est un livre que l’on lit purement pour l’histoire. Il m’a manqué un petit quelque chose qui aurait vraiment fait décoller la lecture : de la poésie, de l’émotion, de la spontanéité et du laisser-aller… J’avoue que ce n’est pas le genre de lecture dont je raffole, je préfère les livres plus percutants.

Au final, ce n'est pas un livre que je vous recommande forcément. Certes, le récit en lui-même est très bien construit, très bien mené et l’écriture de Jean-Marie Chevrier est irréprochable, mais tout cela me semble un peu trop « technique » Il ne s’agit en aucun cas d’une déception, mais cela ne m’a pas suffit pour être totalement convaincue : ce livre m'aura traversé sans que j'ai pu vraiment m'en imprégner, et je n'y ai pas trouvé la sensibilité attendue.


« Elle vient de réaliser ce que seraient ses ours sans cet enfant et une peur irraisonné s’empare d’elle. Elle qui maîtrise toutes les situations avec la désinvolture de son aristocratie défunte n’est plus, subitement, qu’une femme vieillissante, seule sur la terre, et l’apparente rudesse où elle savait dissimuler sa fragilité l’abandonne d’un seul coup. Elle sera sans lui. L’idée lui est insupportable et entraîne une conduite désordonnée. » (p.112)