Grimper, mais pas assez sérieusement
J’ai débuté l’escalade ma première année au collège. Cela semblait cool mais c’était également un moyen de combattre mon vertige. Tous les mardis et jeudis j’allais à la Gym pendant ma pause repas ainsi que quelques après-midis au Rocher Saint Vincent. Toutefois j’ai lâché prise après un an lorsque j’ai découvert une autre sport outdoor fantastique : Le VTT Trial. J’étais vraiment bon et j’ai commencé à passé plus de temps sur mon VTT qu’à marcher. L’escalade devint un sport outdoor de plus en plus occasionnel jusqu’à ma deuxième année à l’Université Clermont Ferrand II à Aubière.
En effet mon niveau en VTT s’est vraiment amélioré après 7ans de pratique intensive. Je ne trouvais personne pour mener ou suivre la cadence puisque j’aime aller vite tout le temps et longtemps. Cependant à l’université il y a une forte communauté de grimpeurs et mes études convergent également vers cette voie. Avec Emmanuel Motard et certains étudiants nous découvrirons avec lui ce que signifie vraiment le style de vie lié sports outdoor aussi bien en Hiver qu’en Eté : Saut de falaises, canyoning, escalade ; kayak, ski, snowboard…Ce fut une année fantastique. Depuis cette année j’ai réalisé que ce style de vie correspondait totalement à mon esprit et à ma personnalité. Néanmoins ce que je souhaite vraiment faire (Responsable Développement produit dans l’industrie des sports outdoor de montagne) n’est pas encore possible à Clermont Ferrand.
La meilleur option qui s’offre à moi est de partir dans le Sud Ouest de la France, plus précisément à Bayonne, pour suivre une licence puis un Master dans le Management Sportif International axé sur l’ingénierie des sports de glisse et la gestion de projet. Je ne suis pas quelqu’un attiré par l’océan mais l’océan Atlantique est connecté au deuxième plus grand massif montagneux de France : Les Pyrénées. Je pense déjà à tous les sentiers techniques que je vais pouvoir survoler mais je ne découvrirai ceux-ci que six mois plus tard avec Bikikoz.
Pendant ces six premiers mois, je suis complètement perdu. Surfers, Bodysurfers, Body Boarders n’ont que trois sujets de conversation :
Le vent, la période des vagues et leur taille, les marées. J’ai quelques amis avec qui je peux partager ma passion pour le VTT Street mais la montagne m’appelle.
Grâce à Antoine Mouro, je vais pouvoir rencontrer les bonnes personnes : David, Didier et plus tard Alexandre Rizarelli (président du Club de VTT Bikikoz) qui me dit : » Tu roules bien, est-ce que cela te dirait de venir rouler avec nous un de ces jours ? Avec les gars du club on aime bien le Vrai VTT de montagne sur des sentiers de chèvre. Voici mon numéro ». En plein dans le milleç Je n’ai pas quitté le guidon de mon VTT et ce club de 2010 à 2012 tout en reprenant la compétition ma dernière année.
Libérer son esprit
A la fin de mes études et après un contrat à durée déterminée de six mois je dois faire face à deux choix : chercheur d’emploi ou voyager autour du monde pour développer à la fois mes compétences linguistiques et mon niveau dans les sports outdoor.Ce choix n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît lorsque vous n’avez jamais parlé anglais plus de 2 minutes ou lorsque vous n’avez jamais pris l’avion auparavant. A ce stade Je n’ai même pas encore de passeport ! Mais cela reste tout de même la meilleure option.
Au cours des 23 derniers mois vous m’avez vu évoluer, essayer, découvrir plein de choses différentes afin de libérer mon esprit emprisonné par le système universitaire que j’ai suivi. Je me suis toujours senti différent au cours de ma Licence et de mon Master non pas parce que j’étais dans le mauvais champ d’études mais parce que je n’étais pas dans mon univers.
Ma place est à la montagne, celle-ci m’appelant chaque jour pour une nouvelle aventure. J’ai besoin de challenge, d’être connecté avec Mère Nature. J’ai besoin de dominer un point de vue et d’être le premier à voir le lever de Soleil ainsi que le dernier à le voir se coucher. Je veux regarder les étoiles sans aucun bruit autour de moi.
Je sais où j’appartiens. J’ai beaucoup d’idées concernant ce que je veux faire mais je peine énormément à passer à l’action. Mon leadership se trouve dans mes chaussettes car je réfléchi trop. J’imagine que la raison à ce problème est que j’ai grandi dans un environnent ou réfléchir avant d’agir était la règle. En conséquence vous peinez énormément à vous lancer car vous avez peur de choses qui se déroulent dans votre tête avant même de commencer à les vivre !
Il y a 10 mois, je partageais ce sentiment avec Kaleigh et cette fille vraiment intéressante avec l’étincelle de la vie dans les yeux me dit quelque chose vraiment simple mais que j’avais besoin d’entendre : « Quand je pense que quelque chose est cool, je le fais ». Aucune hésitation, pas de question. Uniquement en quête de quelque chose de nouveau à expérimenter et découvrir ce qu’il se passe lorsque l’on vit le moment. Vivre ? Première fois que j’emploie ce mot. Lorsque je ne réfléchi pas à l’avance mes émotions et sentiments deviennent plus profonds et plus forts comme un solo de saxophone. Il n’y a pas de réserve ; la vie passe d’une pulsation morbide à un battement précis et bien marqué après un pic d’adrénaline. Cela donne un vrai goût à ma vie et vous permet de découvrir la vraie beauté de la liberté.
« Arrête de réfléchir, fais le ! » est le moteur de la vie pour transformer sa cachette de tourment pleine de « Si je fais ça » ou « Je devrais » en leadership puissant sans aucun mauvais pressentiments.
Cyril Do Duc, un ami commun à Emmanuel Motard vivant à la Réunion, m’a aussi aidé pour un problème aussi important que le précédent. Je vis pleinement mes rêves mais parfois le bonheur me fait défaut. En Nouvelle-Zélande, juste après avoir atteint Christchurch et terminé ma première grosse boucle, mon mental était au plus bas. Je suis resté avec 32 locaux rencontrés de manière parfaitement aléatoire en 45 jours sans rien avoir planifié à l’avance. J’étais exténué de demander chaque soir un endroit où dormir, je n’étais même plus heureux de le faire. Cyril me confia alors ceci : « La seule voie conduisant au bonheur total c’est de ne plus avoir d’attentes dont tu n’es pas maître». Si je suis triste, c’est parce que j’attends une réaction de mon entourage. Si je ne suis pas à la recherche de davantage de reconnaissance autre que celle que l’on m‘envoi, je suis heureux. Ceci est vraiment important lorsque vous accomplissez des choses que bien peu de fous tentent.
Je n’ai pas encore eu la chance de rencontrer quelqu’un ayant vécu ce que j’ai vécu en Nouvelle-Zélande en se sentant seul si longtemps.
C’est si loin du sens commun que la plupart des gens ne peuvent pas comprendre votre point de vue même si celui-ci est plein de sens pour vous. Lorsque vous vivez une telle situation, la seule façon d’être heureux est d’arrêter de penser au soutien que vous voulez obtenir et de garder vos objectifs à l’esprit droit devant. Si ce que vous êtes en train d’accomplir rejoint ce dont vous avez besoin dans votre vie, c’est suffisant pour être heureux.
Ces deux personnes pleines de sens m’ont aidé à complètement libérer mon esprit. Partons expérimenter la vie pour découvrir ses saveurs, couleurs et goûts!
Cette fois c’est pour de bon : Tonsai je suis en chemin !
Mon but est de devenir un athlète dans les sports outdoor de montagne aussi complet que possible puisque c’est là que je vivrai. Je suis relativement bon en ce qui concerne le VTT, la randonnée et le snowboard. J’aime également les sports outdoor d’eaux vives tel que le Rafting et le Kayak (Oui, je dois aussi m’améliorer pour ces deux là). Je peux être autonome en pleine nature pour une semaine mais je n’ai jamais bien fais d’escalade de façon sérieuse.
Heureusement je sais comment raviver la flamme pour ce sport outdoor. Nicolas (mon responsable au Silver Brumby en Australie) m’a proposé de venir à Tonsai. Il y sera apès la saison d’hiver à Thredbo pour faire de l’escalade avec Dan « Le Maître » et Antoine (un français avec qui j’ai travaillé au Silver Brumby). J’accepta sa proposition et pris un vol direct pour Krabi juste après la fin de mon contrat.
Coût de la vie et aperçu de Tonsai
Tonsai est un des spots d’escalade les plus populaires au monde. Fortement fréquenté dès le mois de Novembre, il est mieux d’y arriver plus tôt au court de la saison basse. Tout est moins cher à cette période de l’année. Le Sud de la Thaïlande est au moins deux fois plus cher que le Nord et facilement trois fois plus que le Nord-Est car l’industrie du Tourisme y est plus développé. Je n’ai pas pu trouver un Couchsurfer que ce soit à Bangkok ou à Ao-Nang et je suppose que cela peut être vraiment dur si vous n’envoyez pas au moins une douzaine de demande (ce que je fis).Une fois à Tonsai, vous ne trouverez jamais rien à manger pour moins de 80 Thaï Baht/repas même si vous vivez comme les locaux. De plus il n’y a pas de Couchsurfers ici.
Si vous vivez simplement et dormez dans un bungalow fait de bambous, ne buvez pas une seule bière ou jus de fruit (mais au moins 4 Litres d’eau recyclée) et avez uniquement deux repas, vous dépenserez au minimum 300 Thaï Baht par jour. Parce que la vie ne fonctionne pas de cette façon, Je dirais que 400 Thaï Baht par jour est une zone confortable.
En 2014, Tonsai est sans dessus dessous car les locaux détruisent tout ce qui existait jusque là pour accueillir un énorme complexe de vacances. Le véritable esprit de la jungle est en train de disparaître au profit du tourisme de l’ouest et de l’argent l’accompagnant. Je ne peux pas blâmer la mondialisation puisque celle-ci m’aide à voyager autour du monde sans difficulté mais de moins en moins de lieux dans le monde arrivent à préserver leur authenticité.
L’esprit de Tonsai :
En dehors de cette triste transition culturelle, je vie dans un bungalow situé au milieu de la jungle. Nous avons seulement de l’électricité de 18h à 6h du matin pour utiliser le ventilateur pendant la nuit. Il n’y a pas d’eau chaude ou potable à la sortie du robinet et le seul accès à Tonsai se fait par bateau pour 100 Thaï Baht l’aller depuis ou en direction d’Ao-Nang.Fréquemment vous verrez des singes ou un iguane traverser la « route » si les enfants n’essayent pas de les faire fuir. Les locaux conduisent autour de Tonsai sur des scooters équipés d’un plateau et d’une troisième roue sur le côté. Avec cette configuration ils peuvent transporter des personnes et des matériaux acheminés par bateau vers les sites de construction. Les câbles électriques sont chaotiquement emmêlés et partout. Il est fortement recommandé de porter vos sandales en tout temps, même sur la plage : il y a du verre pilé un peu partout. C’est aussi un véritable défit pour trouver une poubelle dans laquelle jeter vos déchets. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu un camion poubelle ramasser les détritus même à Bangkok.
La plupart des habitations sont faites de bambous, troncs et planches sans aucune isolation mais le ciment est en train de prendre le pas pour recevoir les touristes de l’Ouest.
La communauté de grimpeur est détendue. Il est facile de parler à tout le monde et il est facile se faire des amis provenant des quatre coins du monde. Concernant les voies d’escalade il y en a des milliers en incluant celles de Railay Est et Ouest. Huit jours ne suffisent pas pour couvrir la majorité d’entre-elles. Vous pouvez grimper à l’ombre toute la journée. Il suffit simplement de changer d’une falaise à l’autre vers le milieu de journée.
Grotte et descente en rappel à Tonsai : Le meilleur moyen de se remettre d’une grosse soirée !
J’ai passé ma première matinée à Tonsai avec Nicolas et deux américaines rencontrées la veille : Sara et Joanne. Nic nous emmena faire un tour pour nous montrer et nous expliquer combien cet endroit a évolué puisqu’il se rend ici depuis 15 ans. Railay Est est une merveilleuse plage avec les stalactites de Tham Pra Nang Nai suspendues au dessus de la zone de bain. Sur le flanc de la colline nous pouvons facilement deviner une silhouette humaine. La caverne se trouvant juste en-dessous (représentant l’entrejambe) est également connu sout le nom de Diamond Cave est un temple dédié aux prières de fertilités.A l’autre extrémité de la plage nous suivons un chemin passant au travers des mangroves qui conduit à l’entrée de la grotte de Phra Nang Noi. Le chemin grimpe désormais. Il y a deux points de vues à travers différentes fenêtres naturelles de la grotte ouvertes sur quelques îles autour de Railay Est. Les ombres nous encerclent et se renforcent jusqu’à la complète obscurité. Les lumières de nos smartphones nous montrent là voie à suivre. Nous grimpons des échelles de bambous sans autre sécurité qu’une corde sur le côté. C’est aventureux et nous aimons vraiment cela !
Une fois que nous avons atteins l’autre extrémité de la grotte, Nicolas révèle sa fameuse surprise : une descente en rappel de 25 mètres. Il n’y a pas d’autres possibilités pour descendre. Un peu effrayé au début, Joanne commence la première suivie de Sara. Elles n’ont jamais fait quoi que ce soit de si extrême auparavant mais cela ne leur déplait pas pour autant.
J’ai vraiment apprécié le fait que Nicolas prenne deux heures de sont temps pour nous faire découvrir quelque chose de différent ! Je devrais également vous préciser quelque chose : Nicolas fit tout cela avec une attelle autour de son avant-bras droit !
Dicton Français parfait pour Tonsai : Je ne suis pas là pour faire des bracelets !
Avec Dan, Antoine et ses amis (Mo , Flo et Olivier son frère jumeau) nous commençons notre entraînement d’escalade à Tonsai en grimpant une 6B. Il s’agit d’un gros échauffement puisque certains d’entre nous n’ont pas grimpé de falaise depuis plus de dix ans ! On respire un grand coup et c’est parti ! Je suis heureux de grimper en deuxième en moulinette pour construire ma confiance mais j’ai un bon ressenti avec la roche.
Après trois jours de moulinette sur différents grades compris entre 6A et 6C+, Dan me propose de grimper en tête une courte 6A et ensuite une courte 6B avec un mouvement en 6B+. La 6A était assez facile et je l’ai grimpé d’un coup mais je suis tombé quelque fois sur la seconde, n’arrivant pas à atteindre le dernier point pour ma dégaine avant la fin de la voie. Mais JE L’AI RENTRÉ!
Je savais que je pouvais le faire. Après le cinquième essai: un bon coup de main de Dan me mettant en confiance ainsi que les conseils de Filéas et Natalie (un couple Suédois nouvellement rencontrés) je l’ai fait !Il me reste encore deux jours à Tonsai et mon objectif est de monter en tête une 6C avant de m’envoler pour Chiang Mai Lundi. Peut-être que je suis un peu trop optimiste mais voyons comment cela se passe!