La série de surréactions en Europe, qui devance jusqu'au principe de précaution, mérite d'éclaircir quelques points sur ce que l'on sait de cette maladie. Le virus Ebola, du nom d'une rivière du Congo Kinshasa, est en fait connu des chercheurs depuis 1976. Son mode de transmission fait l'objet de spéculations, mais on pense qu'à l'origine il fut transmis de l'animal à l'Homme: via certaines espèces de chauves-souris ou d'autres primates qui sont également touchés par la maladie, ou encore la consommation de viande de brousse. Sa transmission interhumaine est assez rapide par contact, et le foyer actuel en Guinée et au Liberia remonte probablement à un premier cas, un enfant de 2 ans identifié début août, dont la famille a été contaminée, puis les personnes présentes lors des rites funéraires. Les foyers habituels du virus se situaient en République démocratique du Congo, dans les zones forestières où, d'ailleurs cet été encore, une épidémie a frappé. À l'inverse, l'Afrique occidentale n'avait encore pas connu d'épidémie, n'y était pas préparée, surtout dans des secteurs fortement urbanisés, ce qui explique l'explosion du nombre de cas.
Qu'en est-il de la psychose qui s'est développée dans les pays en Occident? Depuis le traitement d'une poignée de cas rapatriés au Texas, en Espagne, en France, et la transmission de la maladie à des personnels soignants, l'inquiétude est grande. On a même hâtivement, ce qui est déplorable, choisi d'euthanasier le chien d'une aide-soignante espagnole contaminée. En France, un autocar de transport a été immobilisé en Bourgogne, et des parents ont retiré leurs enfants d'une école francilienne, le tout sous abondante couverture médiatique. Efforçons-nous de nous concentrer, non sur les rumeurs, mais sur les faits. Sur le plan médical, un point positif du virus Ebola, c'est que contrairement au virus de la grippe, d'une part les symptômes sont visibles avant le début du caractère contagieux, et d'autre part seul le contact (et non la voie aérienne) présente un risque. Les pays d'Europe et les États-Unis ont les infrastructures nécessaires pour maîtriser le risque épidémique. Rappelons aussi qu'en Afrique, la moitié des cas traités dans les centres, par exemple de Médecins sans frontières, guérissent. Spécifiquement en France, des chambres sont prévues pour accueillir des cas à l'APHP et l'hôpital de Bégin, avec du personnel qualifié pour les situations de crise analogues telles que les accidents de laboratoire. Mais même les établissements de province ont des protocoles d'isolement de malades qui ont fait leurs preuves.
En somme, communiquer est l'enjeu primordial pour contenir la phobie qui émane de la méconnaissance. Une plus grande association du politique avec le médical sera nécessaire pour apporter la réponse mesurée et adaptée à cette situation, pas seulement en Occident mais surtout en Afrique où les moyens d'agir sont plus épars et confrontés à des difficultés de communication.