Le parti socialiste organisait des états généraux, sur le thème « la banlieue est-elle encore dans la République », et si j’ai manqué la présentation de Cambadélis, qu’une foule de photographes attendaient dès le matin, je suis rentré, car les débats étaient ouverts à tous. Les participants se sont en fait démarqués du parti socialiste tel qu’il gouverne actuellement. Philippe Doucet, qui montre là sans doute sa capacité politique, a expliqué qu’au PS, on ne voyait plus que des professeurs et des énarques, et que le PS s’était éloigné du peuple. Il a insisté sur la nécessité d’ouvrir les bras aux gens issus de l’émigration, et notamment, de relancer le vote des étrangers, afin de leur donner une conscience politique, et d’accéder au vote. C’était l’une des deux réformes sociétales promise par le candidat Hollande, et seule la première, le mariage homosexuel, a été réalisée. Un débat a porté sur la laïcité, mais surtout sur la manière de la définir, car entre la laïcité de la loi de 1905, dont Jean Baubérot rappelle que, permettant un compromis après de longues luttes, elle se bornait à empêcher l’empiètement de l’Etat sur la religion, on est passé à une notion de laïcité plus agressive, presque un athéisme, renvoyant toute religion au domaine privé. La directrice de l’école Marcel-Cachin, qui refuse que les mamans voilées encadrent les sorties scolaires, appliquant en tant que fonctionnaire strictement la circulaire Chatel, a expliqué qu’il y avait surtout une pression masculine pour le voile. Elle a été prise à partie par des gens dans la salle, qui ont dénoncé son registre de vocabulaire et sa remarque qu’elle « interprétait » les textes selon son entendement (en réalité, elle ne fait que les appliquer). « La laïcité ne doit pas devenir une religion », a commenté Esther Benbassa.