La cale du navire
d'un
grand-père Joseph-Ange,
par la magie
de mes chimères d'enfance,
j'y embarquais passager clandestin,
là haut,
dans le grenier du Ru-vras,
enfin, seulement
lorsque j'arrivais à fausser compagnie
au quotidien trop présent.
Sous l'énorme poutre de bois précieux d'un Cap-Hornier en pleine réforme
sauvé par le gong et la clairvoyance d'un artisan à l'insularité tenace,je larguais les amarres.
Moi, l'apprenti mousse pour de rire,
et bien partir,
onduler sur les vagues du temps
explorer les soutes mystérieuses de mon fabuleux grand voilier,
en surjouant le rôle d'un ancêtre aventurier figé sur une plaque photographique
et quelques déliés de carte postale
Lorient 1903 cours d'hydrographie
"Toute maison comporte, entre plafonds et toit, sa nef profane sur la longueur totale de ses pièces. Lorsque l’homme en pousse la porte, la lumière entre avec lui. La vastitude l’en étonne. Quelques pierres noircies au fond signalent les murs de l’âtre. Allongé sur la poutre de l’A, il poursuit volontiers un songe à la gloire du charpentier. Au défaut de ce firmament brillent cent étoiles de jour. Du fond de la cale aérienne, il écoute les vagues du vent battre les flancs de tuile rose ou ruisseler par le zinc.
A l’intérieur, à peine frémissent quelque hamacs de toiles fine, voilettes pierreuses d’araignées, qui s’enroulent autour du doigt comme autour des visages d’automobilistes jadis aux temps héroïques du sport.
Marc filtré de la pluie aux tuiles, une poudre assez précieuse s’y dépose sur tous objets."
-Francis Ponge--
"J'ai tout donné au soleil, tout sauf mon ombre"
-Guillaume Apollinaire-