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Saigon, je t’aime moi non plus

Publié le 18 octobre 2014 par Fleurodcvoyage

A 2 lettres près, SaiGon pourrait vouloir dire MaiSon et bien qu’elle s’appelle aujourd’hui la Ville d’Ho Chi Minh, moi je l’appellerais la Ville qui a volé mon cœur. Saigon on l’aime ou on la déteste. Je ne sais pas si je l’ai aimée tout de suite. Au début elle me faisait un peu peur. La chaleur, le bruit, l’agitation permanente, la pollution, la saleté… Elle arborait un caractère sauvage qui me disait que ce n’était pas à elle de s’adapter à moi mais à moi de l’aimer telle qu’elle était.  En même temps, elle savait m’offrir aux premiers abords, des avantages indéniables et me charmer. Elle savait délier ma langue à des saveurs auxquelles mes papilles ne purent résister, embaumant les rues d’effluves de Pho, m’offrant des restaurants occidentaux délicieux pour me sentir un peu chez moi, me faisant craquer avec ses Banh Mi alléchants… Elle me disait « regarde autour de toi » « regarde-moi vivre » « vis à mon rythme ». Je n’ai pas capitulé tout de suite. Moi la petite Française aux origines coréennes qui quand bien même adorant les voyages, ne jurait que par le fromage. Au début, malgré mes efforts, je continuais à me faire à manger à la maison, à acheter mon café Nescafé. Oui mais à force, on baisse la garde, on apprécie de manger une soupe à la tombée de la nuit, de prendre une bière 333 ou une Saigon sur une chaise au ras du sol alors que le soleil s’est couché, on se délecte d’un bon café Sua Dua, on aime ce nouveau sentiment de liberté alors que l’on se fond dans la masse de motos aux heures de pointe, slalomant entre les taxis et les 4×4 des nouveaux riches Saïgonnais, on ouvre les yeux et on aime la diversité architecturale de cette ville aux milles couleurs mélangeant bâtiments datant de la période coloniale, temples chinois, gratte-ciels ultra-modernes et petites maisons typiques qui s’élancent vers le ciel gris, on craque pour les vêtements et les chaussures à moitié prix, on devient esclave de la sieste du midi alors que le soleil est au plus haut nous disant que rien d’autre n’est possible d’être fait… Alors on se laisse bercer par cette vie sauvage et en même temps pleine de douceur. On sent qu’on s’est laissé apprivoiser et on s’incline. Bien sûr, c’est un amour avec des hauts et des bas. Après de beaux mois de saison sèche, on doit « subir » la saison des pluies. La période des moussons n’est pas si dure à vivre que ça. C’est un peu comme si Saigon disait « tu as capitulé, je sais que tu m’appartiens mais vraiment à quel point m’aimes-tu ? ». Le plus souvent, ce sont des pluies fortes mais courtes mais parfois, tellement fortes que l’on se retrouve avec 50 cm d’eau en plein embouteillage. On se demande ce qu’on fait là, on maudit cette ville, tous ces gens qui comme par hasard sont au même endroit que nous au même moment, on a peur que l’eau ne s’infiltre dans le moteur et que l’on doive marcher pour rentrer chez soi, on transpire comme une vache prête à vêler sous notre imperméable acheté à 10 cm d’Euro. Bref on s’énerve tout seul et Saigon rigole… Mais une fois calmée, elle nous offre mille facettes, elle nous laisse découvrir son vrai visage. Ses petits marchés cachés au milieu des Hems, quartiers aux rues étroites, où grouillent des centaines de personnes dès l’aurore, ses massages à 5 euro de l’heure, ses lieux secrets que l’on ne peut soupçonner d’exister, des rencontres inédites avec des gens d’une extrême gentillesse prêtes à passer des heures pour nous aider, chose improbable dans notre société occidentale où l’individualisme règne en maitre…

Saigon on l’aime ou on la déteste. Moi je dirais un peu des deux. Parfois je la déteste, elle m’est insupportable mais depuis le début elle m’a marquée au fer rouge. Je ne suis pas Vietnamienne alors je ne suis pas sure d’être vraiment totalement chez moi mais dans mon cœur, je suis une Saïgonnaise.


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