Montréal, décembre 1989. Un matin comme les autres à Polytechnique. Soudain, en plein cours, un jeune homme fait irruption dans une salle, et tout bascule. Il sort de son sac un fusil, abat toutes les filles de la classe, et va poursuivre son carnage dans les couloirs de l'école. Il ne vise que les femmes. Au total, il en tuera quatorze, avant de retourner l'arme contre lui.
Pourquoi cette folie meurtrière, chez un garçon apparemment sans histoires ? Par haine des féministes. Elles lui ont — écrivait-il avant de se tuer — gâché la vie...
A partir d'un fait divers qui traumatisa le Québec, Elise Fontenaille dresse le portrait d'un enfant brûlé. Et ausculte une société qui en moins d'une génération est passée du catholicisme tout-puissant à un féminisme triomphant, non sans heurts.
Mon avis :
Vous n'avez jamais entendu parler de Marc Lépine ?
Je voulais lire ce récit depuis un moment déjà et je suis bien contente de m'en être enfin débarrassée.
Non pas qu'il soit mauvais, non. Juste horrible. Cette histoire est horrible, elle reste bloquée là, en plein dans les tripes.
Pour l'auteure, Marc Lépine devient Gabriel Lacroix.
Né d'une mère québécoise catholique et d'un père arabe, il changera son nom à 14 ans, pour prendre celui de sa mère et renier son père ; un père ultra violent.
Durant la lecture, on en apprend un peu plus sur l'histoire du féminisme québécois, le pouvoir des femmes là bas, les différences avec nous, pauvres féministes européennes.
L'auteure ne nous dit pas que Gabriel a été recalé 2 fois à Polytechnique, pourtant, ça explique bien le pourquoi de cette tuerie.
Gabriel mettra ces échecs sur le dos des femmes, des étudiantes de polytechnique (rappel : en 1989, 10% des étudiants de Polytechnique sont des etudiantEs. Mais comme il leur dira ce jour là : vous prenez la place des hommes).
Alors, le 6 décembre, armé de son fusil, il surgit dans un cours, sépare les femmes et les hommes, faisant sortir ces derniers (prof compris).
Et puis, une de ces femmes essaie de parler, de négocier. Elle se prendra 4 balles.
Si les secours n'avaient pas été prévenus, Gabriel en aurait assassiné bien plus de 14. Durant tout le carnage il ne cessera de hurler sa haine des femmes.
L'auteure a voulu nous livrer une histoire la plus fidèle possible, s'informant auprès des témoins, des survivantes, des proches.
On en apprend plus sur la vie de ces gens, de la société de l'époque, du pourquoi et du comment.
Et de l'après. Une telle tuerie cause évidemment des dommages collatéraux. Entre les victimes par ricochet et la montée du mouvement masculiniste, on ne peut qu'éprouver de la haine pour Gabriel. Ou au minimum un profond mépris.
Difficile de ne pas avoir l'estomac à l'envers durant la lecture, de ne pas penser que tout ça est réellement arrivé.
Je vous laisse avec Google pour pêcher plus d'infos et trouver des archives "fabuleuses" sur le sujet, ce livre étant bien trop court mais néanmoins très bien écrit.