Partant du constat que les consommateurs sont réticents à adopter – dans la durée – les méthodes classiques de classement des transactions, qu'elles soient automatiques (mais alors pas adaptées à chaque cas particulier) ou manuelles (et donc chronophages), l'institution financière a simplifié au maximum son approche. Ainsi, pour démarrer avec Cinch, l'utilisateur va confirmer son niveau de revenus, le montant de ses dépenses « essentielles », et il ne lui reste plus qu'à surveiller le reste de son argent et, éventuellement, en épargner une partie.
Ces étapes initiales sont elles-mêmes rendues extrêmement faciles à appréhender puisque l'outil, connecté aux différents établissements détenteurs des comptes de l'internaute, analyse l'historique de ses opérations pour, d'une part, tenter d'identifier automatiquement le salaire et, d'autre part, en soumettre une synthèse permettant de choisir très rapidement celles qui sont incontournables et en déduire les charges « obligatoires » (notion plus personnelle, qui peut, par exemple, inclure les dépenses de logement, de transport, de nourriture, les factures de base…).
La deuxième idée inédite – et séduisante – que propose Cinch est de faire du suivi du budget un (court) moment de (léger) divertissement. En effet, chaque nouvel achat apparaissant dans les comptes comporte un seul bouton, intitulé « Not Worth It » (« ne vaut pas le coup »), qui, une fois actionné, va ajouter le montant correspondant au montant des dépenses qui auraient pu donc être évitées. La mise en évidence de ces petits et grands gaspillages à la fin du mois doit, en principe, inciter le consommateur à faire plus attention le mois suivant…
Il faut encore signaler une autre particularité de la solution de Fidelity : afin qu'elle soit réellement utile, elle est conçue pour intégrer – automatiquement – les comptes de la plupart des institutions financières américaines, grâce à la mise en œuvre des fonctions d'agrégation de Yodlee. Bien que ce choix soit beaucoup moins étonnant de la part d'un spécialiste de l'investissement que d'une banque de détail, il reste notable. D'autant plus que l'établissement profite de cette quasi-universalité de Cinch pour en ouvrir l'accès à tous, clients et non clients.
Malgré toute la valeur et l'originalité de cette nouvelle vision du PFM (ou gestion de finances personnelles), je dois avouer que la réalité du concept de « worth it » m'a tout de même laissé sur ma faim. Car, dans un élan d'imagination incontrôlé (et probablement excessif), je voyais déjà une application capable de prédire, à la seule évocation d'un achat (décrit en quelques mots ou, mieux encore, par une prise en photo de l'objet convoité) s'il vaudrait la peine d'être réalisé. A tout moment, le téléphone deviendrait ainsi le conseiller intime du shopping avisé !
Trop ambitieux ? Science-fiction ? Pourtant, une analyse des dépenses passées et des avis « not worh it » précédemment enregistrés — combinés aux mêmes données collectées auprès d'autres utilisateurs au profil proche et mâtinés de quelques recherches de goûts et préférences personnels au fil des médias sociaux et d'avis de consommateurs sur des grands sites spécialisés – pourrait peut-être permettre de se rapprocher d'une telle vision. Celle-ci rassemblerait alors une trilogie idéale de la gestion de budget : simple, ludique… et prescriptive.
Le service Cinch est actuellement distribué en version beta et Fidelity affirme vouloir l'enrichir progressivement. Une prochaine itération prendra-t-elle cette direction ? A défaut, mon rêve pourrait inspirer d'autres acteurs…