Ainsi j’apprends qu’il existe des places
fantômes dans les garderies subventionnées. Par exemple, un enfant
fréquente la garderie 3 jours par semaine, mais la responsable réclame la subvention
pour cinq jours. Ou une mère enregistre son poupon à la garderie trois mois
avant son retour au travail, mais la responsable réclame la subvention immédiatement
sous prétexte que la place n’est plus disponible.
Le Conseil québécois des services de garde estime que 10%
des quelque 15 000 responsables d'un service de garde (RSG) en milieu
familial «font une utilisation inappropriée des subventions». C'est une dépense
de 15 millions en fonds publics. C’est l’équivalent de 8 000 places
subventionnées, mais non utilisées.
Je dois vous avouer que je ne suis pas surpris. Ce phénomène
est un des effets pervers des programmes gouvernementaux. Ces programmes sont comme
des plats de bonbons laissés sur le comptoir. Tout un chacun y pige à volonté.
Les garderies subventionnées ne font pas exceptions.
Il n’existe pas de solution à ce phénomène. Tant qu’il y
aura des programmes gouvernementaux où les services sont rendus par des
monopoles d’État, il y aura des bougons pour en abuser. Il n’y aura jamais
assez de contrôle et d’inspecteurs pour éliminer tous les abus.
Toutefois, ces abus peuvent être réduits à leur minimum en
concevant les programmes en fonction des individus visés plutôt qu’en fonction
des intérêts des groupes de pression. Croyez-vous que les abus décrits plus
haut auraient pu exister si les parents payaient eux-mêmes les frais de
garderie? Bien sûr que non, aucun parent n’accepterait de payer pour un service
qu’il ne reçoit pas.
Après seulement quelques années d’existence le régime de garderie
souffre des mêmes carences que les autres programmes exploités par des monopoles
étatiques : santé, éducation, SAQ, Hydro-Québec, Loto Québec, etc. Ce
n’est donc pas surprenant que les coûts explosent et la qualité du service
diminue.
Si au lieu de subventionner les garderies, le gouvernement
subventionnait les parents et confiait au libre marché la responsabilité de les
exploiter, la plupart des problèmes connus n’existeraient même pas.
Il n’y aurait pas de pénurie. Le libre marché aurait
rapidement trouvé des solutions adaptées aux besoins des parents. Coopératives,
OSBL, Garderies à but lucratif, etc. auraient été créés partout au Québec
jusqu’à ce que la demande soit entièrement satisfaite.
Les frais de garde seraient moindres. La concurrence que se
livreraient les garderies assurerait aux parents le meilleur rapport
qualité/prix. Le système actuel favorise avant tout les syndicats au détriment
des parents. Le réseau de garderie assure aux syndicats des milliers de membres
captifs. C’est devenu une vache sacrée que les syndicats n’hésitent pas à utiliser pour arriver à leurs fins. Le résultat :
les coûts augmentent sans cesse, mais la qualité est aléatoire. Si les
garderies étaient exploitées par des entreprises indépendantes, elles
rivaliseraient d’ingéniosité pour attirer et conserver le patronage des
parents. Les coûts diminueraient et la qualité augmenterait.
Contrairement à ce que prétendent les étatistes, les normes
imposées par le ministère seraient mieux respectées. Dans le système actuel,
les fonctionnaires sont en conflit
d’intérêts. D’un côté ils doivent assurer le respect des normes, de l’autre ils
doivent contrôler les coûts. L’arbitrage du ministre est dicté par les
priorités politiques du moment. Dans ces conditions, les groupes d’intérêt,
mieux organisés et possédant des moyens considérables, en tirent
immanquablement les plus grands bénéfices au détriment des parents. Dans un
régime où le gouvernement n’est pas aussi l’exploitant, les fonctionnaires
veilleraient uniquement au respect des normes et offriraient ainsi un
contrepoids efficace aux groupes d’intérêt.
Ce qui me frustre au plus point dans tout ça, c’est qu’au
moment de la création du programme des garderies tous connaissaient très bien
les piètres performances des monopoles de la santé et de l’éducation. Il me semble
qu’au minimum on aurait pu éviter les erreurs du passé. Mais il semble que la
politique a des raisons que la raison ne peut pas comprendre.