Emmanuel rêve. L’Antarctique : Le sixième continent, 14 millions de Kms carrés, le continent le plus sec, le plus froid, le plus difficile d’accès…
Scénario et dessins de Emmanuel Lepage, photos de François Lepage
Public conseillé : Tout public
Style : Documentaire, aventure humaine
Paru aux éditions Futuropolis, le 16 octobre 2014, 256 pages couleurs, 29 euros
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Ce que j’en pense
« La lune est blanche » est le troisième album de BD-documentaire que nous propose Emmanuel Lepage, après les très émouvants « Un Printemps à Tchernobyl » et « Voyage aux îles de la désolation ».
Ce roman graphique (250 pages quand même !), raconté à la première personne, carnet de croquis à la main (à défaut de caméra à l’épaule) pourrait passer pour une redite. Emmanuel nous raconte son voyage en terre antarctique, jour après jour, en utilisant les mêmes principes narratifs que dans « Voyage aux îles de la désolation ».
Pourtant, deux conditions nouvelles en changent radicalement l’axe. Commandé en 2011 par l’Institut polaire français, ce voyage se fera avec son frère, François (photographe professionnel) et sera l’occasion de réaliser un album à quatre mains (dessins et photos).
Plus qu’un « simple témoignage” sur la vie d’une mission scientifique sur la base Antactique Dumont d’Urville, en Terre-Adélie, ce voyage sera l’occasion de prendre part à l’aventure !
Cette fois-ci, Emmanuel et François s’improvisent « chauffeurs de poids lourd » en conduisant un énorme tracteur durant 12 jours du « Raid » (le ravitaillement de la station Concordia) : une pure folie, une expérience extrême, hors du monde et hors de leur vie « normale »…
Le résultat de ce voyage raconté au jour le jour est aussi sensible et humain que les précédents BD-reportages.
Les deux frères (les deux prennent la plume d’une façon différente) racontent avec simplicité et vérité, leur quotidien. Des préparatifs au « Raid », en passant par les jours d’attente sur le bateau (l’Astrolabe), c’est une foule de détails, de moments, de rencontres amassées en cours de voyages (et retranscrits à posteriori) qu’ils nous offrent avec une totale sincérité.
Se mettant littéralement « à nu », ils livrent émotions, sentiments fraternels, inquiétudes, petites peurs et grandes angoisses, sans chercher à se valoriser. De la franchise à son paroxysme !
Au-delà du quotidien (souvent difficile dans un territoire si inhospitalier), Emmanuel raconte avec un trait et ses aquarelles, toute la beauté des gens rencontrés et des paysages traversés. Souvent abstraits, les dessins d’Emmanuel (et les photos de François qui viennent en points d’orgue) sont beaux et surprenants, souvent incroyables.
Quand ils mettent (enfin) pied sur le continent Arctique, c’est un vrai paysage lunaire, dangereux et poétique (On vous l’a dit : « La lune est blanche ») qu’ils racontent avec des yeux d’artistes…
Enfin, Emmanuel ponctue son récit de l’histoire de la conquête de l’Arctique. Du 18e siècle (Le navigateur fraçais Yves-Joseph de Kerguelen) jusqu’à nos jours (Amundsen, Scott, Paul-Emile Victor…), il se fait conteur pour nous livrer la folie aventureuse de ces hommes fous d’extrême. De quoi remettre en lumière le désir d’absolu de l’humanité et le courage de certains. Impressionnant…
Pour résumer
Vous rêvez d’absolu et de voyage ? De paysages sans concession et d’aventure humaine ?
Emmanuel et François Lepage vous invitent à vivre (par procuration) le voyage de leur vie.
Au long de ce roman graphique, à travers rencontres, découvertes, émerveillement et frayeurs, vous irez (non pas vers la lune), mais jusqu’en Antarctique.
A vous « le beau voyage ».