On est au pavillon Baltard. C’est Cyril Hanouna qui présente. La Nouvelle Star ? Non. Des candidats de Russie, du Danemark, du Royaume-Uni, d’Ukraine, des Etats-Unis… l’Eurovision ? Non toujours pas. Des panneaux-écrans qui se lèvent pour dévoiler le candidat gagnant de chaque poule. Rising Star ? Des instruments étranges et des costumes kitschs, Incroyables talents alors ? Non non, arrête de chercher. Hier soir D8 a dévoilé sa première (et surement sa dernière) émission de reprises, ou « coveurs », l’histoire de faire plus international.
Encore une émission de musique. Encore un nouveau concept. C’était au tour de la « nouvelle grande chaîne » de couler dans l’abysse du pathétisme télévisuel avec The Cover. Douze candidats, d’un peu partout dans le monde s’affrontent en poule de trois, lors d’une « performance » d’1min30 d’une reprise « originale » ; puis le finaliste de chaque poule a le droit de refaire en version longue sa reprise pendant 3min. Lucky him. Comme M6, D8 se lance dans l’application participative des votes des téléspectateurs, puisqu’on avait le droit de voter (seulement pendant le temps de la performance) pour notre candidat préféré sur une échelle de 1 à 5 cœurs. Le gagnant remporte 10000€. Sinon il y a un jury qui ne sert à rien puisque il n’a aucune influence ni sur le choix des finalistes, ni sur le gagnant. Dans ce pseudo-jury on retrouve pour moitié l’équipe de Touche pas à mon poste l’émission à succès d’Hanouna, Gérard Louvin (« Mon Gégé »), Isabelle Morini-Bosc (« Oh ma chérie d’amour, je l’adore »), Black M en promo (qui se barre après avoir chanté sa bouse « Sur ma route« ), Nawell Madana (WTF ?), et Baptiste Giabiconi (qui est certes beau, mais aussi très insignifiant). En soit, à part Gérard Louvin, aucun n’est légitime. Mais bon, on s’en fout, ils sont là pour faire joli et faire la caution « pro ». On pourrait aussi te dire que la présentation est lourd(INGUE). Mais on a déjà suffisamment parlé de Cyril Hanouna pour ne pas recommencer à s’étendre en commentaires perfides à tendance médisante sur sa capacité à présenter des émissions musicales.
Pourtant en soit, le concept n’était pas dégueux : pourquoi pas surfer sur le phénomène YouTube de reprises de chansons ? Sauf que visiblement, la production et nous on n’a pas le même YouTube. Niveau candidats c’était le grand n’importe quoi. Mister Yéyé a découvert Stromaé (oui oui j’insiste sur l’accent) avec le clip de « Papaoutai » (il n’est jamais trop tard), donc a décidé d’en faire une reprise « rock », et au passage de se prendre pour Aerosmith. Morale de l’histoire par Hanouna : « Ce n’est jamais facile d’ouvrir le show ». Merci, suivant. Los Colorados qui malgré son nom, est un groupe ukrainien « stars d’internet » et pas russe comme l’a d’abord annoncé Hanouna (quel moment propice d’ailleurs pour confondre ces deux pays). Ils reprennent du Katy Perry. Tu vois la foire aux cochons du bled à côté de la baraque paumée de ta mamie ? C’est ce groupe qui joue en fond musical, entre deux annonces de tombola. De l’autre côté de la frontière, on a Rushana, 15 ans qui a apparemment fait The Voice Russie : elle interprète « Sunny » en russe, avec accordéon et robe traditionnelle. Normal, tout à fait dans l’ère du temps. Sinon on a The Pipe Twins un suisse greffé à un américain la veille du tournage de l’émission, un américain que vous avez sans doute déjà vu passer sur vos fils d’actualité. Ils jouent « Get Lucky » sur un Rimbatubes. Primo : l’ingé son était parti en pause-pipi, deuxio : tiens, mais c’est pas comme le Blue Man Group par hasard ? Ah si. D’autres gros copieurs se sont glissés dans la sélection, les Waffle Stompers, qui s’approprient « Somebody that I used to know » version Walf off the Earth. O-ri-gi-na-li-té était donc le maître-mot.
On pourrait aussi te parler du travesti anglais « La Voix« aka Christopher qui chante du Sinatra en robe de soirée et perruque rousse, de Grégoire-17ans-Issy-les-Moulineaux-classe-prépa-futur-ingénieur-joue-du-Bach-au-violoncelle avec son thérémine, instrument au champ électro-magnétique qui a cru pouvoir faire deviner à Hanouna un extrait de Saint-Saëns, Gaby le portugais accordéoniste de Grenoble qui travaille dans le BTP (allez D8, faisons du cliché !) qui se prend pour l’enfant de Faudel et des Gipsy Kings, ou encore les Local Vocal, une vingtaine de cinquantenaires danois chantant un medley de chansons des années 90’s chorégraphié, qui ont visiblement remplacé quelqu’un à la dernière minute, puisqu’ils n’ont même pas le droit à un magnéto de présentation… Finalement si tu te demandes, c’est les Anglais de Mister Kanish et leur reprise de « Happy » qui ont remporté le pognon. Saluez Mumford and Sons au passage.
On relèvera également l’ignorance et l’inculture notable de Hanouna pendant toute l’émission (non un ukulélé n’est pas une petite guitare, non la Cup Song n’est pas le phénomène de l’année mais a commencé fin 2012 dès la sortie de Pitch Perfect...), un présentateur incapable de ne pas se moquer constamment des candidats, meublant ses temps de parole avec des blagues d’une médiocrité effroyable. A côté un banc de jury de pantins, obligés de « mentir, c’est comme ça qu’il faut faire ici », dixit Nawell, qui se fait huer lorsqu’elle juge qu’une performance ne vaut que trois étoiles…sur cinq.
Une émission beaucoup trop longue, trop cheap, très pénible à regarder, presque archaïque malgré ses airs modernes, aux phrases d’accroches dépassées (« mais quelle sera sa version ? », « que vont-ils interpréter », « sera-t-elle à la hauteur ? ») fondée sur une idée pas mauvaise. Mais on est confronté à un double problème : le choix malheureux de pseudos musiciens catégorisés comme représentants des talents YouTube actuels et une production bien trop désuète. Dommage, on avait vraiment envie d’y croire.
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