« La consommation excessive de boissons énergisantes chez les jeunes est en passe de devenir un vrai problème de santé publique ». Cet avertissement, il émane d’un examen de la littérature scientifique, mené par des chercheurs de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les boissons énergisantes et leurs risques pour la santé. Si les auteurs précisent que leurs conclusions ne sont pas obligatoirement représentatives de la position de l’OMS, ils soulignent les préoccupations croissantes la fois de la communauté scientifique et du grand public sur les effets indésirables de ces boissons, le tout face à une consommation en forte croissance, attestée par les chiffres de vente, soit plus de 12 milliards de dollars en 2012. Conclusions dans la revue Frontiers in Public Health avec, à ce stade, un maître mot: caféine.
Ce nouvel examen a été motivé par l’inquiétude des scientifiques face à des rapports d’effets indésirables de plus en plus fréquents, en particulier au sein des groupes de jeunes et de clubbers qui les consomment mélangées avec de l’alcool. On estime aujourd’hui qu’en Europe, 68% des adolescents consomment des boissons énergisantes.
Autre sujet de préoccupation : De précédentes études ont décrit un certain nombre de risques possibles pour la santé, principalement liés à la teneur en caféine de ces boissons, en regard d’ailleurs, d’un effet « vitalité » limité. Ainsi, si les risques suggérés ou documentés associés sont principalement liés à la teneur de ces boissons en caféine, les effets des autres ingrédients, comme la taurine, restent à éclaircir. Bref, la consommation excessive de boissons énergisantes chez les jeunes est en passe de devenir un vrai problème de santé publique.
L’examen systématique relève ainsi les principaux risques suivants :
· L’excès ou surdose de caféine par une consommation excessive de boissons énergisantes peut conduire à un certain nombre de symptômes, dont des palpitations, l’hypertension artérielle, des nausées et des vomissements, des convulsions et, dans certains cas, même au décès…
· Le risque de diabète de type 2 : une consommation élevée de caféine réduit la sensibilité à l’insuline
· Des risques sur les résultats de la grossesse : fausses couches tardives, faible poids de naissance et même mortinatalité.
· Des effets neurologiques chez les enfants et les adolescents,
· des effets cardiovasculaires toujours chez les enfants et les adolescents,
· une association avec des comportements à risque, dont l’usage et la dépendance aux substances illicites, la recherche de sensations fortes,
· des problèmes dentaires,
· et le risque d’obésité, même si en termes de communication, ces boissons sont associées au sport et à la performance.
Le mélange avec l’alcool comporte aussi ses risques : La caféine réduit la somnolence sans diminuer les effets de l’alcool, ce qui entraîne une ivresse éveillée et une perte d’inhibition favorables à des comportements à risque et dangereux. On ne connait pas suffisamment les risques liés spécifiquement aux autres ingrédients et il est urgent de lancer des recherches sur leurs effets.
Des recommandations viennent conclure cet examen : Il conviendrait, écrivent les auteurs, de:
· limiter la quantité de caféine autorisée,
· interdire leur vente aux enfants et aux adolescents (???),
· interdire leur publicité et promotion auprès des adolescents,
· former les professionnels de santé à détecter l’intoxication de caféine.
Depuis 2004, en UE les boissons énergisantes qui contiennent au moins 150 mg / l de caféine doivent le signaler sur l’étiquette par la mention « Teneur élevée en caféine. Non recommandé pour les enfants ou les femmes enceintes ou allaitantes ».
Source: Frontiers in Public Health October 14 2014 doi: 10.3389/fpubh.2014.00134Energy drink consumption in Europe: a review of the risks, adverse health effects, and policy options to respond
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