La France serait si forte…

Publié le 16 octobre 2014 par H16

Sale temps pour les optimistes en France actuellement. La rotondité de notre président ne permet plus, à elle seule, d’envisager l’avenir sous un jour meilleur et le nombre de défaitistes voire de pessimistes prosélytes ne cesse d’augmenter. On va tous mourir, déjà, ça, c’est sûr, et ce pays est foutu, et ça, c’est bien connu.

D’ailleurs, il n’y a pas besoin de fouiller bien loin pour trouver des preuves indiscutables de ce pessimisme. C’est même statistiquement prouvé : la France est le pays le plus pessimiste du monde, celui qui a la vision la plus sombre du futur, celui qui fait plus facilement la tête et qui ronchonne toujours plus que les autres. Et qui pleut sur son président, aussi. Pour 86% des Français, les enfants qui grandissent maintenant seront moins bien lotis que leurs parents.

Bon. En fait, l’étude, menée par le Pew Research Center, montre surtout une forte corrélation entre l’optimisme et le taux de croissance du pays, ce qui n’est pas absurde : plus une population peut mesurer la croissance d’un pays, voir que ses entreprises embauchent, que les gens sortent de la misère et augmentent leur pouvoir d’achat, plus ils ont tendance à considérer que leur progéniture sera mieux lotie dans le futur. Rien de bien extraordinaire à ceci, ce qui est d’ailleurs confirmé par l’optimisme presqu’insolent de certains pays émergents, dont, pourtant, le taux de pauvreté est important.

Mais voilà, l’humain est ainsi fait qu’on est plus facilement optimiste lorsqu’on est pauvre et que la situation s’améliore, que lorsqu’on est riche et qu’elle se détériore, ce qui, par définition, revient à une quasi-tautologie. Et concernant les Français, difficile de ne pas leur donner raison lorsqu’on constate qu’en plus de leur penchant naturel à pousser la ronchonnade assez facilement, un nombre croissant d’éléments vient renforcer leurs raisons de s’apitoyer sur leur sort.

Pour des raisons évidentes de place et éviter une nouvelle vague de suicide parmi mes lecteurs, je passerai rapidement sur la tendance actuelle des impôts et autres vexations fiscales à augmenter, qui ne s’est pas démentie depuis les 8 ou 10 dernières années. C’est une véritable averse, n’y revenons plus.

À ceci s’ajoutent donc des perspectives économiques sombres, avec une croissance maintenant solide … du nombre des faillites d’entreprises. Et dans ces entreprises, ce sont surtout les micro-entreprises (avec près de 9 cas sur 10) qui calanchent, c’est-à-dire pour la plupart des cas les tentatives de monter des sociétés de la part d’individus qui ont peu de solutions alternatives à explorer, hormis le chômage. C’est d’ailleurs confirmé par la baisse continue de l’emploi à domicile, qui montre autant une réduction de la demande d’emploi que de l’offre côté employeurs, et un accroissement difficilement quantifiable mais inévitable du travail au noir. On comprend que, sur la masse, ces échecs et ces faillites nourrissent, Français par Français, le ressentiment et ce fameux pessimisme qui nous met en si bonne place dans les classements mondiaux des défaitistes.

Pourtant… Pourtant, si les bonnes raisons de froncer les sourcils et de s’assombrir l’esprit au niveau du vécu s’accumulent, il y a une excellente raison de considérer que la situation, aussi catastrophique soit-elle, recèle en elle-même quelques brillants espoirs.

On pourrait par exemple partir de ce récent article de Capital, mais il en existe d’autres, du même acabit, pointant tous dans la même direction : il existe en France un réservoir peu soupçonné d’entreprises innovantes, qui fonctionnent suffisamment bien pour à la fois grossir, faire des bénéfices et disposer de perspectives d’avenir encourageantes. Et il y a mieux : ces entreprises exportent, essaiment, font des filiales et se développent à l’étranger.

Bien évidemment, les pessimistes me feront remarquer, à raison, que toutes ces entreprises, aussi vaillantes soient-elles, ne peuvent pas, très clairement, absorber les 5 millions de chômeurs et assimilés en France. Pire : leur nombre et leur développement, aussi bon soient-ils, n’arrivent pas à entamer la tendance globale de l’économie française qui détruit actuellement beaucoup plus d’emplois qu’elle n’en crée.

Certes.

Cependant, ces entreprises fructueuses montrent une chose particulièrement saillante, justement par le contraste avec la myriade qui se plantent tous les jours : elles ont réussi malgré le contexte français. Ces entreprises, peu connues, de tailles modestes, exportent, grossissent, font des bénéfices en dépit de l’action de l’État, malgré les obstacles administratifs jetés dans leurs roues de façon incessante, elles embauchent nonobstant le pilonnage permanent des députés avec leurs lois idiotes, des politiciens avec leurs saillies consternantes, des administrations avec leurs méthodes ubuesques.

Eh oui : malgré la guerre ouverte, permanente et globale de l’État, des administrations et d’une partie des Français contre les entreprises, certaines parviennent à s’en sortir très bien.

Oh, bien sûr, certaines doivent évidemment leur succès à la connivence avec l’État, les politiciens et les bonnes personnes bien placées. C’est certain. Mais statistiquement, cela ne peut pas constituer la totalité de ces succès. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une partie non négligeable de ces entreprises arrive donc à se développer dans le pire des terreaux des pays développés, au milieu à la fois d’une administration délirante, d’une paperasserie, d’une bureaucratie devenues folles et d’un pessimisme en béton armé.

En réalité, ces entreprises qui réussissent dans un contexte aussi défavorable sont des pierres précieuses perdues dans un gros, un immense tas de fumier administratif putride. Sur n’importe quel autre marché, dans n’importe quel autre pays développé, ces entreprises, libérées des entraves invraisemblables qui leur sont dressées tous les jours, formeraient le fer de lance d’une industrie qui serait reconnue du monde entier.

Imaginez un instant ces mêmes entreprises, ces mêmes patrons, ces mêmes salariés dans un environnement sain, débarrassé des politiciens imbéciles, collectivistes ou seulement ignares en économie, dégarni des administrations folles et des lois étouffantes. Imaginez la France, exactement celle que vous connaissez actuellement, mais sans ces boulets navrants que nous nous sommes tous mis en laissant le pouvoir à ces fous communistes, ces intégristes de la redistribution, ces abrutis de la dépense publique, ces fanatiques du déséquilibre budgétaire, ces extrémistes de l’étatisme tout azimut et leur cortège minable d’économistes hydrocéphales.

Imaginez ce que serait le pays si, pour créer une entreprise, une simple inscription sur une boîte à lettre suffisait, si pour acheter et pour vendre, de simples contrats entre adultes étaient nécessaires. Imaginez ce pays sans les myriades de lois qui prétendent sécuriser les salariés mais condamnent les créateurs d’emplois à se limiter aux petites structures pour éviter les douzaines de contraintes sociales afférentes à une taille supérieure. Imaginez ce pays sans son principe de précaution débilitant, sans l’idée même qu’un salarié ne peut être qu’exploité par son patron, que si on ne l’oblige pas à prendre une assurance maladie, il ira jouer son salaire aux courses hippiques. Imaginez ce que deviendrait ce pays si, sur un coup de tête, on revenait sur 40 ans d’accumulation de lois illisibles, et qu’on reprenait les codes d’alors où, malgré leur minceur, les gens ne mouraient pas dans la rue, trouvaient un emploi dont les feuilles de salaires, lisibles, tenaient sur une demi-page, et où, pourtant, les gens étaient encore optimistes…

Qui peut affirmer que le pays s’en porterait plus mal ? Qui peut affirmer que tout irait de mal en pis ?

Mais surtout, qui peut affirmer, lorsqu’il entend les discours des politiciens actuels, que le souhait de ces hommes et de ces femmes n’est pas, justement, de préserver à tout prix un modèle français qui a conduit précisément à l’état dans lequel nous nous trouvons ? Quel politicien actuel, audible et crédible, peut prétendre sauver le pays, lui redonner le lustre qui fut jadis le sien, si, dans le même temps, il entend préserver ce qui fait de lui cet immense échec collectif, en croyant, en plus, pouvoir le rendre viable ?

Le pessimiste verra bien ces encombrants politiciens. Quant à l’optimiste, il rappellera qu’on doit pouvoir s’en passer.

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