On ne parle que de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, mais il existe un autre foyer de fièvre hémorragique, dont on ne parle pas. Localisé en République démocratique du Congo (RDC), il développe depuis le mois d’août dernier, laissant lui-aussi craindre une propagation du virus en Afrique centrale. Cette étude, publiée dans la revue New England Journal of Medicine confirme qu’il s’agit d’une épidémie d’Ebola. Mais avec une autre souche, plus locale du virus. Le signe, pour ces scientifiques d’une accélération de l’émergence de la maladie.
En Afrique de l’Ouest, dans son dernier bilan du 5 octobre, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait état de 8.032 cas dont 3.865 décès, répartis comme suit :
· Guinée: 1.298 cas et 768 décès
· Liberia: 3.924 cas et 2.210 décès
· Sierra Leone: 2.789 cas et 879 décès
· Nigeria: 20 cas et 8 décès, avec un dernier cas confirmé le 5 Septembre 2014
· Sénégal: 1 cas, aucun décès confirmé.
En République Démocratique du Congo, l’OMS parle également de « Maladie à virus Ebola » avec, entre le 2 et le 9 septembre 2014, 31 nouveaux cas pour 62 au total et 35 décès.
Un second foyer, une autre souche : Les scientifiques de L’Institut de recherche pour le développement (IRD), de l’Institut Pasteur, le CNRS, du Centre International de Recherches Médicales CIRMF au Gabon, de Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) de RDC et de l’OMS ont jugé essentiel de vérifier si cette seconde épidémie résultait de celle d’Afrique de l’Ouest, pouvant ainsi évoquer une expansion à l’Afrique centrale.
Mais il s’agit d’une souche différente, révèlent les chercheurs, « une nouvelle flambée de fièvre hémorragique, indépendante du foyer ouest-africain ». Mais leur séquençage complet du génome du virus responsable confirme qu’il s’agit aussi d’un virus de l’espèce Ebola. Une souche congolaise est différente de celle d’Afrique de l’Ouest mais très proche de celles ayant déjà circulé en RDC et au Gabon entre 1995 et 1997.
Une épidémie locale et circonscrite : Ici, le foyer congolais a pu être maîtrisé. Identifié avec un premier cas au 26 juillet dernier, dont la « source » semble être un contact avec un singe mort, à ce jour, 70 cas ont été confirmés, dont 42 décès, soit un taux de létalité d’environ 60 %, similaire à celui observé en Afrique de l’Ouest. A posteriori, le pic épidémique a été estimé aux alentours du 24 août 2014.
Cependant les chercheurs considèrent que la multiplication des foyers suggère une augmentation du risque de transmission du réservoir animal à l’homme. Il s’agit donc d’avancer dans la compréhension des modes de circulation et de transmission des virus Ebola.
Source: NEJM 2014 DOI:10.1056/NEJMoa1411109 (In Press) et Communiqué IRD (Visuel OMS)