Nicolas Sarkozy débloque à Séoul, François Hollande souffre en France. Plus rien, pas même le ridicule, n'arrête le premier. Toute la réalité s'impose au second.
Sarkozy, le pauvre
Il est drôle, Nicolas Sarkozy. Entre deux meetings dans des salles de fête provinciales, le voici à Séoul, le World Knowledge Forum, ce 13 octibre pour une nouvelle conférence tous frais payés - et bien plus encore. La bande annonce annonçant l'évènement est à hurler de rire. C'est le Petit Journal de Canal+ qui s'y collait, une fois de plus, ce mardi 14 octobre. "L'évènement", en France, serait passé inaperçu sinon.
La bande annonce de la chose était drôlatique. Qui pouvait imaginer inviter l'ancien président d'un Etat en faillite donner des conseils interplanétaire sur le sort du monde ? Et pourquoi pas Madoff en cours de gestion bancaire ?
Sur place, Sarkozy se lâche... contre Thomas Piketty, économiste d'obédience socialiste et auteur à succès d'un récent ouvrage sur le capitalisme - Le Capital au XXIe siècle. Quand l'adversaire n'est pas devant lui, Sarkozy se sent toujours très courageux. Le voici donc à faire de l'humour à bon compte - l'assistance est acquise, un parterre d'hommes d'affaires et de quelques représentants bancaires.
Un pur plaisir...
"C'est une maladie française de vouloir exporter ce qui ne marche pas chez nous vers les autres. (...) Il est socialiste! Pour eux, si on est injuste avec tout le monde, on est injuste avec personne."Hollande face aux pauvres
En France, deux jours plus tard, François Hollande est à Clichy-la-Garenne, une commune pauvre, 15% de chômage. Il participe à une table ronde avec des représentants d’associations pour faire un premier bilan d'étape sur le plan de lutte contre la pauvreté lancé début 2013. A la différence de son prédécesseur, il n'y a pas de cirque audiovisuel, avec caméras, projecteurs et cohortes de militants invités sur carton pour applaudir docilement. Non, Hollande est sans filet, devant témoins et contradicteurs.
Au début, Hollande a des mots justes, mais d'autres lui rappellent que les actes ne suivent pas. A l'inverse de son ex-futur concurrent qui proposait de soumettre le RSA à davantage de contrôles et des obligations de travail (sinon quoi ?), Hollande rappelle la douleur et l'ambition: "La fierté collective, c’est de permettre que nous puissions, non pas supprimer, éradiquer la pauvreté mais faire en sorte que tous ceux qui sont loin puissent être ramenés, raccrochés, repris par l’action collective. C’est ça qui fait non pas seulement la dignité d’un individu mais la fierté d’une Nation".
Mais ce sont des mots, rien de plus. Sur place à Clich-la-Garenne, Hollande s'est fait tacler sur le fond d'une politique inefficace et dramatiquement ignorante. Il n'y avait nul besoin d'instrumentaliser les ragots d'une ex-première Dame sur les sans-dents pour faire comprendre cela. Le président d'Emmaüs lui a ainsi renvoyé les propos d'Emmanuel Macron, son trop jeune ministre de l'Economie.
Accompagnant le président, Louis Gallois a eut ce lapsus confondant de vérité:
"J’ai toujours dit que les plus démunis ne devaient pas être les victimes de l’austérité… Heu, de la rigueur."