Drame - 2h15
Sortie salles France - 8 octobre 2014
avec Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon, Suzanne Clément...
Diane va devoir reprendre son épuisant rôle de mère en sortant son fils Steve, adolescent parfois très violent, de son lieu d'éducation fermé. Rien ne sera facile, même si entre eux deux l'amour filial inconditionnel perdure, même si Diane tremble pour lui et veut le sauver, même si lui, son fils écorché, en souffrance, lui promet d'être toujours là pour la soutenir.Mommy est un film dense. Aucun temps mort, aucune pause, si ce ne sont les scènes au ralenti, qui permettent de suspendre le temps, qui permettent au spectateur de respirer - ou de retenir son souffle dans une tension palpable.Les dialogues enchaînés, déclamés, sont très souvent lancés dans un argot québécois très fleuri. Dans les scènes aussi, Xavier Dolan brise les tabous, à entendre les offuscations de plusieurs spectateurs de ma salle de cinéma lorsqu'à l'écran Steve embrasse sa mère sur la bouche. Provocations évidentes. Œdipe évident, même si le père, mort, est vénéré.
Il se crée chez nous un attachement envers ces personnages modestes, à la lisière, acculés, malmenés. Ils restent symboles de vie, jusqu'au bout, et cela est fortement souligné par contraste avec Kyla, la voisine d'en face, furieusement bègue, introvertie et desesperate housewife en transit.
Xavier Dolan affirme son art, ses talents de réalisateur esthétique et inventif, incluant le hors champs comme matière. Le son et la musique sont travaillés aussi et varient souvent en intensité. Le scénario surprend, est imprévisible, nous fait presque croire, le temps d'une scène, à une happy end, avant de nous conduire à une fin plus sombre, une fin inéluctable, une fin qui n'en est pas une, qui sonne comme un éternel recommencement. Aliénation et passion gravée dans la chair.
Le film Laurence Anyways me paraît plus osé, plus libre, plus transgressif, mais Mommy atteste que Xavier Dolan aime toujours les femmes, et les hommes différents.
L'avis de Yann Le Loarer - Mediapart
L'avis d'Alain - La Mer pour horizon