Foxygen - Concert au National de Montréal le 12/10/14

Publié le 15 octobre 2014 par Oreilles

Si Foxygen n'a jamais été chroniqué dans cette colonne, c'est plus par manque de temps que par réel déni. Encore qu'en 2013 l'excellent We Are the 21th Century... faisait déjà parti du top 20 par chez nous. Avec un premier album (Take The Kids Off Brodway, 2012) impeccable mais trop mimétique (Bowie + Rolling Stones) et donc un deuxième beaucoup plus varié et abouti mais encore trop proche de ses influences, le duo Jonathan Rado et Sam France revient tel un métronome avec un troisième effort en trois ans, ...And Star Power. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ne vont pas se faire des amis avec. Refusant de surfer sur la vague du succès amorcé avec We Are the 21th Century..., le duo californien se tire volontairement une balle commerciale dans le pied avec un double album beaucoup plus exigeant à pénétrer, risquant fort de laisser quelques fans sur la route mais aussi de rameuter les anciens sceptiques.
Foxygen est donc de passage à Montréal, au National, après de nombreuses annulations de tournées et une réputation scénique grandissante. La faute surtout à Sam France, le chanteur du groupe, qui n'en est plus à un débordement près, et qui tel un Iggy des temps modernes n'en perd pas une pour se foutre à poil, escalader du matériel ou se jeter dans la fosse. Fidèle client des services urgentistes il n'est pas rare qu'il finisse à l'hôpital. Cette fois là il avait un plâtre au poignet, il aurait très bien pu s'en faire un autre, voir s'étrangler avec son micro. Le groupe a beau être accompagné en première ligne de trois choristes plus jolies les unes que les autres, c'est lui qu'on ne peut s'empêcher de suivre des yeux telle une balle de ping-pong. Bref, le genre de personnage redouté par les promoteurs de concerts. Heureusement, Blue Skies Turn Black a pris le risque.

L'autre, le musicien, c'est Jonathan Rado. Beaucoup plus effacé, voir transparent, il ne se laisse pas une seconde décontenancer par son collègue et dirige les morceaux de main de maître à l'aide de trois claviers vintage. C'est d'ailleurs original de remarquer, que même avec deux guitaristes, un bassiste et un batteur recrutés pour le live, c'est Rado et ses claviers qui font tout. On l'enlèverait que le château de cartes s'effondrerait. D'ailleurs même quand le micro de France se débranche pour la dixième fois on se surprend à apprécier ce morceau instrumental où Rado donne le change tel un Manzarek des temps modernes.
Tout aussi chaotique que sur leur dernier album (qui voit au passage les participations de membres de Of Montréal ou des Flaming Lips, je dis ça je dis rien), le duo joue quand même quelques scies des deux albums précédents. Des morceaux fortement inspirés 60's, au schéma quasiment standard de stop and go, mix improbable entre l'énergie de Suicide, la folie de Ween et la poésie de Lou Reed. Le son est bien plus dégueulasse que sur disque (c'est pour dire) mais le show est excessivement visuel. Si avec ça Foxygen ne devient pas le nouveau groupe le plus excitant du moment je ne comprends plus rien.
Le site officiel de FoxygenLe site de Blue Skies Turn Black
Les douze minutes de "…And Star Power, pt 1" pour vous donner une idée :