Electrochoc familial
Une banlieue populaire de Londres, une jeune fille un peu décalée se heurte à des parents vieille école. Le conflit des générations est violent dans une période de revendications de libertés nouvelles par la jeunesse. La jeune fille refuse violemment ce carcan au point de s’évader par la maladie mentale.Présenté comme çà, ce n’est pas glamour. Normal, c’est du Ken Loach, et un de ses tous meilleurs films selon les spécialistes au point de marquer profondément Cannes lors de sa projection en 1972.Ce film arrive à point nommé, comme d’autres, à un moment de changements profonds sociétaux fortement initiés par la jeunesse : une quête de liberté, une remise en cause des Autorités (Eglise, Etat, Parents), la volonté de faire bouger les normes. Le thème central de ce film tourne autour de l’antipsychiatrie. Il rompt avec la psychiatrie classique en portant une grande attention aux facteurs sociaux de la maladie mentale. Pour la guérison et un mieux être des malades, on va plus les écouter et dialoguer qu’utiliser les électrochocs et tranquillisants. Ce film montre dans une scène phare l’opposition entre les deux écoles ; les parents de la jeune fille en entretien avec une psy moderne se trouve confronter à leurs propres limites sans même sans apercevoir, voir en les fuyant.Au-delà de ces problématiques sociétales, Loach montre une jeune fille brisée par les abus de pouvoir parentaux et l’establishment moral dont elle ne parvient pas à s’extraire. La malade, c’est pas elle ; ou pas seulement elle plutôt. On la maltraite psychiquement par amour, pour son bien au nom de la norme et de la morale bien établie. Les parents de Janice sont bienveillants, selon eux, se souciant de la jeunesse prise dans cette mutation sociétale et cette libération sexuelles. La mère a des certitudes sincères même si odieuses ; elle est emplie de rancœur, de suffisance et ne peut accepter que ses enfants soient plus libres et plus heureux qu’elle-même. Janice est une adolescente en quête d’identité confrontée à des parents liberticide et omniprésents. Aujourd’hui, l’adolescence est reconnue comme une période charnière ; ouf. Ce film montre donc bien deux choses : la grande part de responsabilités des parents dans la construction de leurs enfants ; la norme érigée comme une dictature et le refus de la norme comme une folie.Pour porter son film, Loach s’appuie sur une jeune actrice, Sandy Ratcliff, qui compose un personnage déchirant d’écorchée vive. D’autant plus que l’on comprend très vite qu’aucune issue ne lui est offerte ; enfin si une ; celle qui laissera la société et sa famille en paix…A voir absolument… Du très grand Ken Loach
Sorti en 1971