GUI BORATTO
Abaporu
Kompakt (2014)
Délibérément taillé pour le dancefloor, « Abaporu » (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine » en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les beats et les ambiances chaudes et raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime « Chromophobia ». Bien plus accessible que ses précédents projets, « Abaporu » froissera les puristes que le chouchou de l’écurie Kompakt avait conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle l’appropriation et l’imitation des cultures européennes. Le nom et l’artwork de l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art brésilien, datant de 1928, elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d’un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté et le travail forcé.
Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique de ce cannibalisme culturel ‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.
Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels que « Please Don’t Take Me Home », « Too Late » et « Let’s Get Started », avec leurs vocaux pop, leurs accents funky et leurs rythmiques deep house, fait mouche dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de « Abaporu », « Joker » ou encore « Palin Dromo » évoquent quant à eux l’influence de la techno berlinoise…
Gui Boratto une fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus large public !
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