Extension du domaine de l’enquête (inachevée)
http://thierryjolif.hautetfort.com/archive/2014/06/22/concatenation-culturelle-autour-de-david-wojnarowicz-5396271.html
« Quel démon ? Tout au plus un avorton de diable. » (N. Stavroguine dans Les Possédés)
G.G. Alin est un autre phénomène artistique américain issu de la passion punk. Sans le punk-rock, G.G. enfant de la classe moyenne américaine, médiocre en tout, n’aurait sans doute été qu’un junkie clochardisé de plus. Le « punk » lui aura permis de transcender cet état, par le bas autant que par le haut.
Le « punk » est celui qui « fait l’idiot », qui fait le « contre-fait ». Dans le Schpountz de Pagnol, l’oncle se gargarise de son « bon mot » blessant à l’endroit de son neveu Irénée : « ce n’est pas seulement que tu sois bon à rien, tu es mauvais à tout ». Se pourrait être une devise punk. Et, disons le tout net, dans l’art qui l’a « sauvé » pendant un temps, dans l’art qu’il pratiquait et vénérait, G.G. Alin aussi était « mauvais »…
Paradoxalement, l’américain bien plus que le français, était dans une disposition primitivement religieuse. Dénué de tous référents culturels il sacralisait le « rock », ce phénomène qui était à la fois sa libération et ses chaînes. En ceci, et malgré tout, c’est bien à travers le scandale même, à la perpétuation de la civilisation dans sa réalité cultuelle et culturelle qu’il participait. Par-delà l’illusoire de la provocation Alin réintégrait la dimension sacrificielle du bouc émissaire s’offrant lui-même en pâture, non seulement à son public qui l’adulait mais également, et plus encore, à tous ceux qui le conspuait. Encore faut-il voir dans les deux attitudes un même mouvement fondamental, G.G Alin était ce que les autres ne pouvaient être.
...