« Tirer une flèche est un acte banal ; tirer – bien – une flèche est un acte sacré » !
Le maître de tir à l’arc (Kyudo) attire notre attention sur un impératif qui concerne aussi la personne qui pratique l’assise (zazen), la cérémonie du thé (Chado) ou un art martial (Budo).
Un maître d’Aïkido me disait que « L’efficacité dans un art martial provient de la ‘’ritualisation‘’ de la technique ».
Tirer – bien – une flèche, faire – bien – ce pas si vous pratiquez la marche méditative appelée Kin Hin …est un acte sacré !
Faire – bien –! Il s’agit de la ‘’ritualisation‘’ d’une action, d’un geste, d’une technique pour qu’elle ne devienne pas reflexe, banale.
Lorsque le maître dans l’art du tir à l’arc, le maître d’Aïkido, le maître zen formule cet impératif, il ne faut pas prendre le mot sacré au sens religieux. Est sacré ce qui n'est pas insignifiant.
Nous sommes conditionnés à l’idée que le sacré désigne ce qui est en dehors des choses ordinaires ; que le sacré s’oppose essentiellement au profane et à l'utilitaire. La vie est sacrée ! Oui mais ma vie est sacrée lorsque j’ai terminé la vaisselle, n’est-ce pas ?
Commencez … petit ! Lorsque vous sortez de la pratique de la méditation de pleine attention, ritualisez la vingtaine de pas qui vous mènent à la cuisine où vous allez préparer le petit déjeuner. « Faire un pas est un acte banal ; faire – bien – un pas est un acte sacré. »
Yuho Seki Roshi nous disait que « La ritualisation d’une action élève celui qui agit vers ce qui n’est jamais nommé ». Ce qui m’a permis de comprendre, ce qui n’est pas à comprendre mais à réaliser dans la pratique du tir à l’arc, « Ne tirez pas, laissez ‘’cela‘’ tirer ! ».
C’est la ‘’ritualisation‘’ de la technique qui opère le passage d’une technique de combat (Aïki-jitsu) à une voie d’éveil (Aïki-Do).
Le maître zen Thich Nhat Hanh écrit : « Buvez votre thé lentement et avec révérence, comme si c’était l’axe sur lequel la terre faisait sa révolution – lentement, régulièrement, sans vous précipiter vers l’avenir ».
Vous êtes en chemin ? Alors, faites-le !
Jacques Castermane