Posted on oct 15, 2014 |
Arnaud Assoumani est un champion hors norme. Vice-champion Paralympique de saut en longueur et triple saut en 2012, il a eu pour projet de concourir avec les valides.
© Studio Jeanpipol
Tu ne fais pas partie des athlètes les plus médiatises dans l’athlétisme français mais tu arrives à vivre de ton sport grâce à tes nombreux partenaires. Expliques nous comment es-tu parvenu à les convaincre
Jamais je n’aurai imaginé vivre de l’athlétisme. J’ai un parcours que je qualifie de classique. J’ai eu un bac scientifique puis ai poursuivi mes études par un Bts audiovisuel. Comme beaucoup de sportifs de haut niveau j’ai travaillé pendant quelques années en parrallèle à mes compétitions internationales sans forcément avoir de sponsors.
Le premier sponsor de j’ai eu en 2007 est Keolis suite à mon titre de champion du monde. Le déclic avec les autres sponsors est arrivé après mon titre paralympique à Pékin en 2008 notamment du fait que la compétition avait été médiatisée en radio et presse écrite.
Suite à ce titre j’ai directement sollicité Adidas équipementier par lequel j’avais des déja des dotations en Equipe de France avec qui nous avons établi un contrat officiel.
Je pense que mes autres contrats de sponsoring sont le résultat de plusieurs choses: mes des rencontres lors d’évènements sportifs ou extra sportifs, la sensibilité des entreprises au handicap, mon projet de vouloir participer aux compétitions en catégories valides et mon profil de sportif-étudiant en sciences politiques.
Tu es aujourd’hui partenaire avec pas moins de 9 sponsors. Tu es plutôt pro-actif dans ta recherche de sponsors?
Aujourd’hui je dirai que 70% de mes partenaires sont venus à moi.
J’entretiens vraiment d’excellentes relations avec l’ensemble de mes partenaires. Je reste encore assez étonné du nombre de partenariats que j’ai pu nouer. Le critère relationnel et humain est très important. J’accorde une grande importance aux valeurs des marques avec lesquelles je travaille. Je vois le partenariat comme du donnant-donnant, l’entreprise va certes nous aider financièrement mais si quelqu’un investit sur moi il faudra que l’entreprise puisse utiliser mon image en interne auprès de ses salariés mais aussi en communication externe. J’essaie de proposer, donner un maximum d’idées à mes partenaires.
Tu es présent sur les trois grands réseaux sociaux
Je suis en effet présent sur Facebook, Twitter et Instagram mais j’essaie d’être cohérent dans ma communication et les messages que je véhicule.
L’important pour moi reste le terrain donc je reste concentré sur mes entraînements. Je serai plus actif quand j’aurai de l’actualité.
Le réseau social que je préfère est Twitter que je trouve plus professionnel avec une portée plus importante que les autres à mes yeux.
Quel sportif apprécies-tu sur les réseaux sociaux?
Je trouve Gévrise Emane très forte sur son compte Facebook. Je suppose qu’elle passe beaucoup de temps sur ses réseaux sociaux. Je vis aux Etats Unis et je trouve que les sportifs américains postent des choses plus privées que les européens. Je trouve Tony Estanguet très bon dans sa communication sur Facebook.
Tu vis et t’entraînes depuis 2 ans aux Etats Unis, quelles différences as-tu remarquées en tant qu’athlète sur le marketing sportif par rapport à la France?
Au niveau de l’athlétisme et chez les grandes marques, il y a certes des valeurs mais les marques vont toujours chercher les numéros un dans leur disciplines. Les marques sont présentes sur tous les grands medias aussi bien télévisés qu’internet. Les réseaux sociaux sont omniprésents. Dès qu’un sportif donne une interview à un media son pseudonyme twitter sera precisé sous son nom, il en est de même pour tous les journalistes.
Au niveau du placement du produit cela va se faire de façon plus évidente. Néanmoins l’athlétisme n’est pas le sport le plus regardé aux Etats Unis contrairement au baseball, basket ou football américain. L’athlétisme sera beaucoup plus en vue pendant les Jeux Olympiques. J’ai remarqué que la gymnastique était très populaire. Les gymnastes les plus populaires sont même millionaires.
Au niveau des publicités les sportifs handisports sont beaucoup mis en avant dans les spots des fédérations.
En 2012 tu as organisé un concours de design de ta prothèse via tes réseaux sociaux. Peux-tu nous rappeler l’historique de l’opération Golden Arm?
En 2012, j’ai organisé « Golden Arm » un concours de création, proposant au public de customiser graphiquement ma prothèse de compétition afin de pouvoir affronter les combats qui m’attendaient.
Le but était d’oublier que l’objet de création était une prothèse, mais plutôt un support comme un autre. C’était en quelque sorte une proposition de création d’art vivant, car la prothèse, une fois à mon bras, ne fait qu’un avec moi.
L’objectif était d’emmener le handicap là où on ne l’attend pas, dans un domaine créatif et positif. Le thème du super héros collait donc parfaitement à ce concept. Le succès a été au rendez-vous puisqu’en un peu moins d’un mois, j’ai reçu une cinquantaine de créations, d’enfants, d’adultes, de professionnels… Thomas Hourdain, designer professionnel, a remporté le concours.
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L’idée au départ était que tout le monde puisse participer, pouvoir simplement donner vie à son imagination: « A quoi pourrait ressembler le bras bionic d’un super héros? «
Je ne dessinais pas très bien gamin, comme maintenant d’ailleurs, mais j’aurais adoré participer à un concours comme celui-là. J’ai remarqué que dès leur plus jeune âge, les enfants aimaient jouer avec ma prothèse, « mon bras », comme si c’était une poupée ou alors « la chose » dans la « Famille Adams ». Les parents peuvent être gênés, mais les enfants et moi nous ne le sommes pas du tout.
En prenant un peu plus de recul par rapport à cette différence, ce handicap, reconnu comme tel dans notre société, n’est simplement qu’une particularité naturelle et marrante, que les enfants abordent de manière insignifiante. « La différence? Savent-ils réellement ce qu’elle est si on ne leur inculque pas des moyens de comparaison? » Je pense et je suis pour que les enfant vivent avec la société » toute entière » qui nous entoure. La différence, une fois adulte, n’existera alors plus car il ne sera pas réellement possible de définir une norme. Ces adultes seront simplement plus tolérants, sans même avoir conscience qu’ils le sont.
Pour terminer sur ce concours, le jury était composé de personnalités éclectiques, qui réussissent dans leurs domaines respectifs : Mamedy Doucara-champion de Taekwondo et photographe pro, Edem Allado-Artiste plasticien et futur médecin, Marie Niogret-bloggueuse sport, Fabrice Jouhaud-rédacteur en chef de l’Equipe ou encore Pierre Leclercq- designer automobile X5 et X6.
Les 3 premiers du concours « Golden Arm » étaient invités à assister à une conférence de rédaction de l’Equipe, et le gagnant était invité à Londres pour assister à la finale de ma longueur aux Jeux Paralympiques.
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Au final, ce projet qui me tenait à coeur depuis plusieurs années a dépassé mes espérances et les retours ont été très positifs. C’est pour cela d’ailleurs que je garde, encore à ce jour, le personnage « Golden Arm ».
J’ai d’autres projets, de plus grande envergure, que je mènerai à la fin de ma carrière, toujours dans le même état d’esprit de faire évoluer les consciences et bousculer les idées reçues.
Tu es également mannequin à tes heures perdues. Dis-nous un peu plus.
Vraiment à mes heures perdues, car c’est assez rare pour être aujourd’hui relevé. Et puis on ne peut pas dire que c’est du mannequinat… J’ai la chance de pouvoir faire des photos de temps en temps, mais tout le monde peut se retrouver derrière un objectif, sans pour autant être mannequin!
J’aime le monde de la mode et de l’image en général. J’ai la chance et l’honneur d’être avec Laure Boulleau et Fabien Galthier, ambassadeur de Daniel Hechter. C’est vraiment une grande fierté de représenter cette belle marque. Je les remercie d’ailleurs pour leur confiance.
Pour ce lancement, j’ai eu l’honneur de poser et de « jouer » le mannequin pour le magazine Sport&Style (mois d’octobre 2014). J’avais déjà fait des photos professionnelles, orientées sport, mais jamais purement mode. J’ai pris plaisir à le faire, et je réitérerai l’expérience avec plaisir hors saison d’athlétisme. Lors de ce genre de shooting, on a l’opportunité de porter de beaux vêtements, d’être chouchouté par la maquilleuse et le ou la styliste. C’est à apprécier avec modération.
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Fondateur de Sportandbiz.com. Passionné de sport et de business. Je profite de ce blog pour illustrer mes trouvailles, opinions, interviews sur le sport et le business du sport. Disponible sur Facebook, Twitter, Instagram.