Bonjour,
Lorsque j’ai vu que mon pote Romain avait fraichement assisté au Runion show d’American Football, je lui ai tout de suite demandé de nous pondre un petit report, histoire d’en profiter également. Il a accepté immédiatement. Nous pouvons le remercier n’est-ce pas ?
Voici son texte…
En 1999, deux après leur formation et quelques mois avant leur séparation, American Football enregistrait un album qui viendrait rapidement joindre les rangs des albums que beaucoup de mes camarades musicaux (y compris moi-même) considèrent comme faisant partie de la bible musicale.
Il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’un jour je pourrai voir ces compositions jouées live par ces messieurs. Quelle ne fut pas ma joie et ma surprise quand ils annoncèrent qu’ils allaient se reformer pour quelques dates à Chicago et New-York en octobre 2014. Ayant la chance de vivre à Philadelphie, il me fut facile de prendre un bus pour New-York afin de pouvoir faire partie des quelques centaines d’heureux élus pouvant revivre l’expérience d’American Football en concert.
En entrant dans le Webster Hall je découvre une salle de concert de 1400 places, dans un bâtiment qui, à l’échelle des Etats-Unis, est plutôt ancien (construit en 1886). La salle est déjà à moitié remplie et je suis surpris de voir que je ne suis pas dans la moyenne d’âge mais comme à beaucoup de concert ces derniers temps je me trouve dans la tranche des plus âgés. Je m’attendais à voir une salle remplie de trentenaires émo (il y en a quand même quelques-uns) mais je me retrouve entouré de jeunes hipsters de 18 à 25 ans. Après une brève réflexion je me dis que c’est sûrement bon signe pour l’avenir de la scène math-emo-punk-diy-truc-machin.
La première partie est assurée par Matt Pond, dont j’ai entendu parler mais jamais écouté. C’est chiant. Ses compos ne vont nulle part et même si certaines mélodies sont sympathiques, le set est très répétitif. Matt Pond et son groupe sortent de scène et American Football se fait attendre bien comme il faut (environ 40 minutes).
Quand ils montent sur scène je suis surpris de voir qu’ils sont 4 (et non 3 comme à l’origine). Ils ont ajouté un bassiste pour leurs concerts New-Yorkais, et c’est une bien belle idée. Le bassiste en question n’est autre que Nate Kinsella (cousin de Mike, le chanteur – mais aussi l’homme derrière Birthmark -superbe projet indie pop à arrangements d’orfèvre-). Bref, avec deux Kinsella sur scène, ça devrait bien se passer. Le quatuor entame leur set par un joli morceau instrumental que je n’ai jamais entendu auparavant. Les guitares s’entremêlent et le batteur suit la mélodie, ça respire le American Football à plein nez, avec ce mélange de jazz et de math rock. Belle intro! Mike Kinsella lance un humble merci et précise avec une pointe de sarcasme «c’est bizarre de voir autant de monde ici, vous devriez être chez vous seuls à écouter l’album au casque» .La suite du concert se déroule vite (trop vite à mon goût) mais j’essaie de profiter de chaque moment. Je ne suis pas entièrement satisfait du son que leur ingé-son leur procure (ou peut-être est-ce juste la salle?), la basse et grosse caisse me semblent un peu trop au-dessus des guitares sur certains passages, ce qui n’est pas forcément idéal pour un groupe qui axe une grande partie de leur musique sur la mélodie. Les compos s’enchaînent, les sentiments aussi mais toujours positifs. Leur roadie vient ajouter quelques tambourins et maracas sur certains passages, bien vu. Après 3 morceaux Nate lance le riff de basse de «Honestly ?! », superbe compo, exécutée au millimètre même si je sens Steve Lamos (batteur) peiner sur le riff de fin, il manque quelques notes de caisse claire par-ci par-là mais il est vite pardonné. Ça joue fort, ça joue émo, bref ça envoie de la bûchette, plus que sur l’album. Quelques compos plus tard le reste du groupe se retire de scène pour laisser Steve poser ses baguettes le temps d’un solo de trompette chaleureusement applaudi. Le set se poursuit avec l’apparition impromptue d’un ballon gonflé à l’hélium (restes d’une soirée passée?) qui traverse la scène sans déconcentrer nos 4 gaillards qui sortent de scène après avoir joué les deux dernières compos de l’album («Stay Home » ; «The One With The Wurlitzer»)et Mike Kinsella nous rappelle qu’ils sont honorés d’être ici, admirés par de si nombreuses personnes.
Il reste seulement deux morceaux qu’ils n’ont pas joués. «We only know two more songs» nous rappelle Monsieur Kinsella en revenant sur scène pour finir ce qu’ils ont commencé : «Summer Ends» démarre avec Nate Kinsella ayant lâché sa basse pour un tom medium et une baguette, agrémentant le beat de Steve Lamos jusqu’à ce que la basse fasse son entrée. La compo se termine et ils enchaînent immédiatement par la tant attendue «Nerver Meant », première chanson de l’album et probablement la plus populaire (si tant est qu’American Football ait jamais été populaire). Le public est ravi d’entendre cette merveille en live et chante l’intégralité du premier couplet en chœur avec Mike (qui chante juste ce soir, j’imagine que 15 ans plus tard, il a eu le temps de s’entraîner).
Merci American Football, merci Champaign, Illinois, merci à la famille Kinsella et à leurs potes. Ce fut une soirée magique et nostalgique qui m’a replongé dans mon passé emo rennais et dans cette musique qui m’a fait grandir et évoluer. Mon seul regret : ne pas la partager avec les gens qui m’ont entouré dans ces moments.
Romain PG.
Note de l’auteur : je n’ai jamais écrit d’article de ma vie. J’écris celui-ci par pur amour d’un groupe de musique et une envie de partager mon expérience. Je l’écris aussi pour Mickaël, à qui je dois beaucoup de mes connaissances emo/punk/diy