Pharmakon

Publié le 14 octobre 2014 par Silenceandsound

Pharmakon

Bestial Burden

(Sacred Bones)

Disque de toutes les frayeurs face à la maladie, Bestial Burden, le nouvel opus de Margaret Chardiet alias Pharmakon est une nouvelle fois extrême. C’est à la suite d’une opération urgente, subie à quelques jours de partir en tournée européenne, que Bestial Burden a vu le jour, charriant avec lui les affres de la douleur et de la déraison, des peurs de voir son corps ne plus répondre et de partir en vrille en mode pilote automatique. Pharmakon élabore un univers sombre et suffocant où les rythmiques tapent lourdement sur le plexus, auréolées de synthétiseurs noise aux racines plantées profondément dans l’indus qui démandibule. L’artiste souffle, halète, hurle comme pour exorciser ce mal qui pourrait prendre possession d’elle à chaque instant, si ce n’est déjà fait, tant Bestial Burden semble possédé par des forces du mal qui échappent à tout contrôle, poltergeists cannibales en recherche d’émotions fortes à dévorer. Pharmakon continue sur sa lancée bruitiste maitrisée, agençant et polissant chaque élément avec un acharnement viscéral qui nous entraine dans des contrées obscures au noir absolu en mode abandon total. Romantique à outrance, nihiliste jusqu’au plus profond de ses sillons, Bestial Burden est une lame de rasoir aux tranchants oxydés, une oeuvre sans concession pour affronter la malédiction et les tourments de l’existence. Une échappatoire vers des limbes inexorables, avec pour seule lumière les reflets du Chaos. Magistralement jusqu’au boutiste !

Roland Torres