19h02, comme chaque jour, il endosse son uniforme aux couleurs des murs du magasin… 30 ans qu’il est là, sorte de factotum fantôme. Il croise Nadine, une chic fille toujours stressée dans l’attente de ses horaires de la semaine, obsession qui vient de ses 4 enfants et de leur garde quand ils ne sont pas à l’école. Bob l’aime bien, il a toujours un petit mot pour elle « faut faire attention à toi ma grande », « t’embrasse les enfants » même si il ne les a jamais vus sauf peut être furtivement sur le parking, à attendre dans une voiture dont on ne sait même plus deviner le modèle.
Les grilles commencent à se baisser, les derniers clients courent pour tenter de regagner au plus vite leur logis…pas bien joli. Bob habite dans le coin, dans un quartier en bout de monde. Cela fait longtemps, que son centre n’est plus qu’un souvenir pour ces survivants, à eux on a laissé cette bande de maisons et d’usines désaffectées entre rats et chiens, entre morts et vivants.
Son magasin, après 30 ans la haine se mue aussi en une espèce de propriété, est planté au milieu de ce nul part… on y entre… non pour rendre visite… habité du sentiment d’avoir à purger une peine incompressible, avec cette certitude de ne plus en sortir… lieu clos, espoir clos… Bob quand il est arrivé ici le savait, alors il faut vivre entre soi.
Malgré tout Bob est content… lui il bosse… 3 emplois pour le prix d’un quart… veilleur, balayeur, poubelleur.
Quand, il avait vu l’annonce, Bob avait un peu tiqué; non qu’il soit spécialement cultivé, mais ce terme poubelleur l’avait intrigué. Au moment de l’entretien avec le directeur… le seul qui sorte
matin et soir… il avait bien osé la question sur la nature de l’activité. En guise de réponse, Monsieur Bonvin avait laissé échappé un énigmatique « vous verrez… ».
Bob, trop content d’être pris, n’avait osé aller plus loin sur ce terrain.
Maintenant… il sait ce que veut dire poubelleur… il l’a su très vite.
(A suivre. Si ça vous dit)
C’est pour répondre au concours de mon ami et excellentissime plume Dorham