Cet article a été initialement publié en anglais dans le journal Metro US.
Quand Sophie Kinsella a sorti le premier tome des Confesssions d’une accro du Shopping, en 2003, la « chick-lit » venait de naître. L’histoire, la romance, la folie du shopping et les déboires amicaux de Becky ont permis aux lectrices de s’identifier partout dans le monde et ont été à l’origine d’un film avec Isla Fisher et Hugh Dancy. Ça fait 11 ans que le premier tome est sorti et 4 ans depuis le dernier opus des aventures de l’accro du shopping, et Sophie Kinsella sort maintenant le 7e livres de la série. Nous nous sommes interrogés avec elle : en quoi écrire pour les femmes a évolué au cours des années ? Quels sont les thèmes plus sérieux abordés dans ce 7e tome ? Et qu’est-ce qui nous attend pour la suite ?
Le dernier tome de l’Accro du shopping est sorti il y a 4 ans, pourquoi attendre si longtemps ?
J’avais très envie d’écrire la suite de l’Accro du shopping, mais j’avais aussi très envie d’écrire Poppy Wyatt est un sacré numéro et Nuit de noces à Ikonos. Ah oui, et j’ai eu un bébé entre temps, d’où le léger retard…
Comment vous est venue l’idée ?
Envoyer Becky à Hollywwood est une idée avec laquelle je jouais depuis des années. Particulièrement depuis que j’avais participé au tournage des Confessions d’une accro du shopping. Tout au long du tournage, quand j’étais à LA, je pensais « qu’est-ce que Becky ferait? », « comment réagirait-elle ? ». Je savais que ce serait une sacrée aventure pour elle, et j’étais impatiente de l’écrire.
« Shopaholic to the stars » est un livre plein d’humour, mais je pense qu’il y a un thème sous-jacent plus sérieux dans le roman : comment le travail des femmes est valorisé par rapport au travail de leur mari. Est-ce que c’est un débat que vous vouliez partager avec les lecteurs ?
Je n’écris jamais une scène pour provoquer un débat ou une discussion, mais j’essaye de retranscrire la réalité telle que je la vois. Toute famille doit trouver un équilibre qui permette à la fois de ramener de l’argent à la maison et de passer du temps à élever ses enfants, c’est un sujet délicat aujourd’hui. Becky et Luke sont pris dans un dilemme : ils veulent à la fois suivre leurs ambitions personnelles et se soutenir mutuellement, tout en restant une famille très unie. C’est une tâche difficile et je ne pense pas qu’il y ait de réponse facile à ce type de situation.
Raconter les aventures de Becky, est-ce que ça a changé depuis la sortie du premier tome ?
Becky a changé et mûri, et le monde a évolué. Quand j’ai commencé à écrire les Confessions d’une accro du shopping, l’endettement n’était pas le sujet d’importance qu’il est aujourd’hui. J’ai même eu l’impression d’être en avance sur mon temps ! Aujourd’hui, tout le monde est bien conscient, non seulement de ses dettes personnelles, mais aussi des dettes publiques. La crise financière nous a réveillés et c’était bizarrement satisfaisant d’écrire la réponse de Becky dans Mini accro du shopping. Je pense que le monde est passé par sa propre crise de dépendance au shopping. Emprunter, dépenser, regretter, payer. Nous sommes tous un peu plus sages aujourd’hui, et Becky aussi.
Vous avez été un des premiers auteurs dont le roman ait été catégorisé « chick-lit ». Est-ce que c’est le genre auquel vous aspiriez et qu’est-ce que vous en pensez ?
Je n’ai pas de problème avec la catégorisation « chick-lit », en partie parce que c’est tellement nébuleux. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Personne ne semble capable de le définir. En revanche, je pense que c’est dommage de catégoriser un lectorat 100% féminin dès le départ. Je sais que j’ai quelques lecteurs masculins, même s’ils cachent mes romans derrière des magazines de sport ! Je préfère le terme « comédie romantique » ou celui que j’ai vu une fois dans une librairie : « wit lit » (humour).
La façon dont vous écrivez sur les femmes ou le marché pour ce type de roman ont-ils évolué au fil des années ?
Quand j’écris je ne réfléchis pas vraiment à écrire pour les femmes ou au marché du livre. Je pense à ce qui est susceptible de me divertir et de toute façon je ne crois pas qu’on puisse deviner ce que voudront les lecteurs ou le marché. Je me contente de raconter une histoire du mieux que je peux, et j’essaye d’écrire le livre que j’aimerais lire. Je n’ai pas délibérément changé de style, même si j’ai remarqué des évolutions de tendances autour de moi. (Et non, je n’ai pas prévu d’écrire Cinquante nuances d’une accro du shopping !)
Vos livres se lisent vite, mais ils sont plutôt longs. Est-ce que vous vous sentez dépassée quand vous commencez à écrire un nouveau roman ?
À chaque fois que je commence un livre, je dis à mon mari « Celui-ci, il sera court », mais je m’attache tellement aux personnages, que j’ai envie d’écrire leur histoire et avant que j’aie le temps de m’en rendre compte, j’ai écrit un long livre. Ceci dit, le prochain livre que j’écris, sera court ! C’est sûr.
Vous avez laissé une ouverture à la fin de Shopaholic to the Stars, qu’est-ce que vous pouvez nous dire à propos du prochain roman ?
C’était amusant d’écrire la fin de Shopaholic to the Stars. Alors que l’histoire est bien terminée, j’ai laissé planer un doute. J’adore laisser des ouvertures ! Mais ne vous inquiétez pas, je travaille dur pour la suite, disons que Becky est en route…
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