Dimanche 12 octobre 2014, 10h et quelques minutes. L’air est relativement doux et le ciel menaçant. La pluie n’a pas encore décidé si elle allait, comme les années précédentes, arroser les 500 coureurs au départ de la Saint-Maurienne. Attends encore un peu la pluie, tu seras gentille. Parmi la foule des compétiteurs top level, votre serviteur. Accoutré d’un t-shirt orange fluo comme pour apporter un peu de soleil en ce jour sombre d’automne.
J’aime pas l’automne. Pourtant, j’aime bien les champignons et les châtaignes. Mais franchement pas l’automne.
Aujourd’hui cependant, pas de morosité, pas de ronchonneries (ronchonnages ? ronchonnations ?), pas d’apitoiement. J’ai décidé d’aider mon prochain, d’être dans le service tel un Frère Servant de l’Ordre de Malte secourant les Croisés blessés, tel un missionnaire (le religieux les gars) prêchant la Bonne Parole dans le Nouveau Monde, tel un courageux personnel soignant luttant contre cette saleté d’Ebola. D’accord, c’est pas le même niveau mais vous m’avez compris.
Illustration de cette orientation donnée à ma journée, ma dulcinée se tient à mes côtés, attendant fébrilement le départ de ce 10km. Je l’accompagnerai tout le long de la course pour l’aider à atteindre son objectif du jour : terminer en moins d’1h. Elle n’a pas pu trop courir ces derniers temps mais elle est motivée. Mes petits couplets vantardo/machistes de ces derniers jours n’y sont peut-être pas pour rien : « je veux bien te coacher mais il faudra que t’écoutes et que tu fasses ce que je te dis (pour une fois) », « tu sais, il faut que tu sois consciente que ce sera pas facile pour moi de courir à 10km/h, c’est un effort que je fais pour toi » ou encore « mais arrête, c’est 55’ que tu devrais viser, pas 1h, il faut que tu te bouges un peu ». Le mec dans toute sa splendeur.
Après 15’ d’attente injustifiée et alors que les premières protestations s’élèvent des rangs des coureurs, le départ est enfin donné. On part vite (enfin, on se comprend…), histoire de monter en régime et de trouver notre place dans le gros de la foule. Au bout de 300/400 mètres, je fixe l’allure. Ma chérie est bien apparemment, je suis même obligé de la freiner parfois. Ma petite gazelle serait-elle une lionne orgueilleuse ? Ça me plait.
Les kilomètres défilent, je distille mes conseils… et mes encouragements. Si, je vous jure. Je ne râle pas, je ne crie pas, rien. Exemplaire le gars. On passe au 5e en 29’30 environ. Nickel. Puis vient la fin de course avec 2 montées consécutives après le 8e. Ces montées, ma chérie s’en faisait toute… bah toute une montagne. Du coup, le mental a un peu flanché et elle a perdu pas mal de secondes sur cette fin de course. J’ai continué mon coaching, commencé à crier mes encouragements, à taper dans les mains, en prodiguant toujours des conseils.
Et là, chose curieuse, je me suis soudain aperçu qu’un petit groupe de 7/8 coureurs/coureuses s’était constitué autour de ma chérie. Je suis alors devenu le coach et l’« encourageur en chef » de non plus 1 mais de près de 10 personnes. « Allez, vous arrivez en haut de la côte, après c’est tout plat ! », « Pour ceux qui sont déjà allés sur une piste d’athlé, il vous reste à peine 2 tours ! C’est rien du tout !!! », « Voyez là-bas où les gens prennent à gauche ? Là vous rentrez dans le stade, l’arrivée est juste après !! », « Allez, on y va, allez allez allez !!! ».
Vraiment cool comme expérience.
Pour la petite histoire :
- Madame a fini, à mon chrono, en… 1h00m04s. On aime bien rester juste au-dessus de nos objectifs dans la famille…
- C’était super agréable de faire un footing à 10km/h. Avant la course, j’avais de petites douleurs aux genoux et une petite contracture au mollet et cette sortie très tranquilou m’a fait beaucoup de bien. Enfin, apparemment. Je vous confirmerai quand même ça après Amsterdam
- Accompagner quelqu’un pour l’aider à réaliser son objectif est un truc très sympa. C’était une première fois qui en appelle clairement d’autres. D’ailleurs, j’en ai déjà une au programme : accompagner Manu dans son prochain marathon pour l’aider à passer sous les 3h :))).