Coach Lucas

Publié le 14 octobre 2014 par Stephanebigeard
Philippe Lucas prouve dans ses propos qu'il n'est pas "la grosse brute musclée" qui pousse bêtement les athlètes qu'il entraine, à tout donner.
Il fait preuve de beaucoup de psychologie et de finesse dans son approche.
On comprend mieux comment il a obtenu de si belles performances avec Laure Manaudou ou Federica Pellegrini et bien d'autres ...
Il parle même de points forts en cherchant les ancrages passés : "On refait sa carrière, tout ce qu'il a bien fait à Milan, à Bordeaux."

LE SCAN SPORT - Souvent blessé depuis son arrivée à Lyon, le milieu de terrain retrouve les terrains ce vendredi soir.
Philippe Lucas, ex-entraîneur de Laure Manaudou ou Amaury Leveaux, a enfilé le costume (fictif) de coach personnel de Yoann Gourcuff.
Croustillant.
Making of. À l'écoute de notre proposition de sujet, à savoir qu'il se mette dans la peau de l'entraîneur en chef de Yoann Gourcuff, Philippe Lucas esquisse un sourire, et ne met pas deux secondes à accepter la proposition.
«Rappelez-moi à 18h, je termine mon entraînement et je suis à vous.»
Rendez-vous est pris avec le coach de natation.
Une fois lancé, il ne s'arrête plus et livre ses pistes de réflexion.
Sans filet. Comme toujours.

Le FIGARO. - Votre analyse du cas Gourcuff?
Philippe LUCAS. - C'est quelqu'un qui a besoin d‘affectif, d'être en confiance.
Il lui faut une relation forte avec son entraîneur, qu'un lien soit créé.
C'est indispensable. Il faut créer le dialogue et lui expliquer les choses.
Ce mec est sensible, ça transpire.
Ce n'est pas l'entraîneur du quartier qui peut débloquer la situation, je vous l'annonce.
Pour le gérer, il faut être psychologue, c'est une thérapie.

Quid de ses nombreuses blessures (15 en quatre ans à Lyon, NDLR)?
Quand tu es blessé 15 fois en 4 ans, il y a d'autres choses qui rentrent en jeu.
Quand tu n'es pas en confiance, que tu traînes ta misère, tu attrapes toutes les merdes (sic) possibles.

Quelle serait votre attitude avant son retour à la compétition?
Si je sais qu'il joue ce vendredi, quelques jours avant, je le prends en tête-à-tête et on va manger au restaurant.
On refait sa carrière, tout ce qu'il a bien fait à Milan, à Bordeaux.
Il faut être positif, tout le temps, c'est une obligation.
Et je ne m'arrête pas au football, j'essaie de savoir ce qu'il aime, comment il vit, ce qui le fait vibrer.
Je le décontracte…
S'il doit boire trois verres de rouge pour qu'il soit mieux, on prendra une bouteille de bordeaux.
Tranquillement on discute, car c'est un mec qui se méfie, qui ne se livre pas.
Je lui dis que je l'adore, qu'il est exceptionnel.
Il monte au ciel tellement je le flatte (rires) et je lui répète qu'il est plus que jamais capable de faire de grandes choses.
Le seul juge, c'est moi, son coach.
Le public, les sifflets, les journalistes… on s'en fiche.


Si votre méthode ne fonctionne pas ?
Il sera réceptif (ferme).
Si je rentre dans sa chair, dans son corps, ça marchera…
C'est comme avec les filles.
Il faut que tu les sentes, que tu sois derrière elles.
Tu ne peux pas parler à Gourcuff comme à un Alex (l'ex-défenseur du PSG, NDLR).
Yoann, c'est un gars fin.
S'il n'y a pas de déclic, il faut garder le même discours.
Attention, il faut que le gars s'investisse.
S'il traîne les pieds et qu'il n'a pas envie, on se serre la main et au revoir.
Pas de temps à perdre.

Que lui diriez-vous?
Dans tout ce que tu fais dans la vie, c'est l'envie qui prime.
Les mecs qui ont du talent sont souvent les plus branleurs.
Voilà ce que je lui dirai: «Yoann, aujourd'hui tu n'as plus le choix. Je vais tout faire pour que tu reviennes à ton meilleur niveau, que tu touches à nouveau les étoiles, tu auras ma confiance, mais surtout, ne fais pas semblant.»
Il est fragile, il ne se sent pas aimé.
C'est un long travail, tu ne lâches pas les mecs.


Pourquoi vous y arriveriez et pas les autres ?
La qualité d'un entraîneur, c'est d'anticiper les choses.
Il faut être plus malin que le joueur.
Si tu n'as pas le pif, autant arrêter.
Je lui dirais: «les 22 millions de ton transfert, ton salaire, je m'en fiche. Si Aulas t'a acheté à ce prix-là, c'est que tu les valais. Il n'a pas dépensé cet argent pour te faire plaisir. Maintenant, fais abstraction du contexte. Tu dois être fort là-dessus et n'écouter qu'une personne. Ton coach. Moi.»

Comment l'incorporer au collectif, lui que l'on dit difficile à gérer dans un groupe ?
J'irai voir les leaders de l'équipe.
Y a qui à Lyon ? Gonalons, Lacazette et après ?
Mon discours serait limpide: «Vous connaissez la situation de Yoann, il a du mal, mais il peut nous apporter. Soyez patients et vous ne serez pas déçus.»
Après, tu peux faire de beaux discours mais dans les sports collectifs, c'est chacun pour sa tronche (sic).

Pourriez-vous perdre patience ?
Tout dépend de sa volonté. S'il n'a pas envie, c'est impossible. Je ne perds pas mon temps avec des mecs comme ça. Tous les matins, j'ai la patate, je donne envie aux mecs de s'entraîner. Je me dois d'être le moteur. Si les personnes en face sont molles, ça ne dure pas longtemps.
Quel entraîneur pourrait lui convenir ?
Rolland Courbis. Un mec qui s'y connaît, qui transcende les mecs.
Qui te fais d'une 4L une Ferrari.

Source : sport24.lefigaro.fr http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/people/2014/09/12/27003-20140912ARTFIG00057-philippe-lucas-pour-gerer-gourcuff-il-faut-etre-psychologue.php#xtor=AL-201
Juste une petite remarque sur Roland Courbis que j'ai bien connu à Lens ... un palmarès vierge pour un entraineur qui fait illusion !!
Allez, au plaisir de vous lire ...