Ce matin, en quittant Ponte de Lima, je traverse le pont médiéval qui relie les deux parties de la ville sous un ciel encore clair. Nous sommes dimanche, le jour s'éveille lentement. J'entends de la musique, des fêtes de villages se préparent. Je marche un instant au bord de la rivière, puis le sentier gagné les montagnes.
C'est un véritable petit col que je gravis maintenant. Les pieds réparés, sur ce sol plus agréable à fouler, je suis particulièrement heureux de grimper. Mon pas retrouve une vigueur nouvelle. Le paysage est très beau, des pins, des feuillus, des clochers accrochés aux pentes. Une montagne qui n'a rien d'extrême, qui ferait sourire les vrais montagnards mais qui me convient bien. J'ai vraiment plaisir à y marcher. L'effort est là, sans danger, pour se sentir bien dans cet environnement accueillant.
Je vais, du coup, plutôt vite, doublant au passage quelques pèlerins qui me rendent mon Bonjour, prenant quand même le temps de regarder les lieux où d'observer que certains pins ont la base de leurs écorces sectionné pour recueillir, à l'aide de vilains sacs plastiques, leur précieuse sève. Mais je suis, c'est vrai, tout à mon bonheur de marcher vite et bien, d'avaler montées et descentedescentes sur un rythme léger et rapide. Je me sens bien, tout simplement. Et arrive ainsi à, , déjà à mi chemin, où je peux m'accorder une bonne pause déjeuner. L'étape n'est pas très longue, 42 kms, et vu mon rythme elle sera bouclée sans souci.
La suite du parcours est un peu moins enchanteresse, mais le Minho, cette petitpetite région du Portugal qui touche la Galice, reste très agréable à traverser. Les maisons sont déjà souvent en belles pierres. Les passages en forêt sont encore bien beaux, sous les chênes centenaires. Au sol, je vois des châtaignes et puis des glands. Peu de feuilles mortes, il est vrai qu'ici l'automne ne fait encore que frapper à la porte.
Pourtant le ciel n'est plus aussi clair, le
soleil et la pluie entame une partie de cache cache. Je sens quelques gouttes, puis le soleil éclaire fort à nouveau. Pourtant, les montagnes à l'horizon se dessinent en bleu marine. Plus tard, j'aperçois un arc en ciel, sur le pont entre les deux pays.
Car après avoir atteint Valencia, la dernière ville portugaise sur cette Via Lusitania, je passerai en Espagne, en Galice, pour la fin de mon voyage.
Je flâne un peu dans les rues animées, même en ce dimanche car les boutiques sont ouvertes (j'en profite pour m'acheter quelques paires de chaussettes) , du centre ancien, ainsi que sur les fortifications.
Me voilà ensuite sur un pont. Un autre pont, une autre rivière. Cette fois ci, c'est un autre pays qui m'attend sur l'autre rive. Le pont date de 1986, symbole de l'amitié récente entre les deux pays.
De l'autre côté, Tui est moins animée à cette heure (j'ai, ce qui est très curieux quand on marche d'une rive à l'autre d'un pont, avancer d'une heure en quelques mètres puisque Madrid et l'Espagne vivent à l'heure de Paris et le Portugal à l'heure de Londres) même si elle est plus avancée ici. Les rues de la belle vieille ville vont se réveiller plus tard, on est en Espagne.
Pour l'heure, je découvre une ville aussi fortifiée que celle d'en face, que je peux voir de l'autre côté du Minho. Qu'il est bon de pouvoir marcher ainsi dans une Europe en paix et franchir les frontières sans même avoir à montrer patte blanche. Cela n'a pas toujours été le cas, comme me le rappelle ces constructions guerrières.
Après avoir admiré le fronton de la cathédrale, je trouve sans problème l'auberge, juste à côté.
Un peu plus tard, je dinerai en discutant avec deux italiens de Bari , partis eux aussi de Lisbonne. Je leur vante les beautés de la Via Francigena, ce qui leur donne des idées pour un futur voyage, je pense.