Michel Bernard (Silence)lundi 13 octobre 2014
Aujourd’hui, la multiplicité de l’offre de paniers bios semble avoir dépassé la demande et certaines initiatives connaissent des difficultés à réunir le nombre de paniers nécessaires pour assurer leur viabilité.
Depuis le début des jardins collectifs bio avec distribution de paniers (Côté Jardins à Lyon existe depuis 1988), on a assisté à une multiplication des Jardins de Cocagne, jardins d’insertion (le premier près de Besançon en 1991) puis des AMAP (la première près de Toulon en 2001).
Toutes ces initiatives fonctionnent en diffusant des paniers bios payés à l’avance par le consommateur. Pendant des années, les listes d’attente de consommateurs se sont multipliées. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Imitations et détournements
Les Jardins de Cocagne ont connu une affluence maximale en 2009 avec une moyenne de 199 adhérents par jardin (1). Cette moyenne a alors commencé à baisser pour descendre autour de 180 aujourd’hui. La cause ? La crise partiellement, mais surtout la multiplication des offres… avec des méthodes de moins en moins engagées :
• vente par internet par des intermédiaires et non par des paysans à des prix pourtant plus élevés, mais livrés à domicile,
• distribution par les grandes chaines de distribution (avec des produits bios venant d’exploitations agricoles lointaines et aux conditions sociales détestables),
• proposition de paniers de légumes non bio avec des appellations trompeuses jouant sur la confusion (agriculture « raisonnée », « naturelle », « paysanne »…),
• achats de paniers sans engagement financier par anticipation et sans engagement du consommateur…
Innover pour se renouveler
Il est important de rappeler que les Jardins de Cocagne utilisent les paniers pour financer un travail social de réinsertion de personnes en grande difficulté ; que les AMAP mettent en place un lien entre les consommateurs et le producteur… ce qui n’est évidemment pas le but de la grande distribution.
Certains Jardins de Cocagne innovent. Ceux de Blois, Magny-les-Hameaux et Sens ont ouvert une boutique de vente directe sur leur jardin qui assure aujourd’hui jusqu’à 40 % du chiffre d’affaires.
Un Jardin du Bugey dans l’Ain a mis en place un réseau de distribution des paniers en entreprise. Celui de Blois a lancé un panier « bébé » avec des légumes spécifiques et des recettes. A Marcoussis, dans l’Essonne, le Jardin a ouvert en 2013 une conserverie. Celle-ci est ouverte à des agriculteurs locaux voisins et a permis de créer onze emplois dont neuf en réinsertion.
L’achat d’un panier bio, militant au début, ne l’est plus autant aujourd’hui. Comme pour la bio en général, il serait temps d’inclure des critères sociaux pour contrer le glissement marchand (2).
Notes
(1) 110 jardins actuellement.
(2) Voir les dossiers des n°415 et 384 de la revue Silence.
Source : Article transmis amicalement à Reporterre par la revue Silence.
Photo : Réseau Cocagne (Crédits Les potagers du Garon)
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