Dangers des réformes de l'Etat

Publié le 13 octobre 2014 par Christophefaurie
Lettre de l'Agence de la Biomédecine. Elle me demande de faire un don de moelle osseuse. Il se trouve que j'en discute actuellement. En effet, comme toute l'administration, elle est l'objet de réformes visant à réduire son budget. En 4 ans, il a été diminué de l'ordre de 20%, à service constant. Un départ à la retraite sur deux n'étant pas remplacé, de surcroît. 
Curieusement, on ne s'est pas intéressé aux impacts possibles de ces économies. Quelles sont les enjeux ? A titre d'exemple, la greffe de reins, que coordonne l'Agence. Il y a 12.800 personnes en attente d'une greffe. Ces personnes peuvent subir 3 dialyses par semaine à 5000€ la dialyse. Soit de l'ordre de 800.000€ par an. Sans compter que leur activité économique s'en ressent. Une greffe coûte 150.000€. L'Etat ne joue-t-il pas avec le feu ?, peut-on se demander. D'ailleurs, au lieu de chercher à faire des économies de bouts de chandelle, ne serait-il pas judicieux d'accélérer les greffes ? (Le facteur bloquant serait le don d'organes.) Il y a des milliards à gagner ! D'autant que, quelque-peu perfidement, l'Etat demande à l'ensemble de l'Agence de réduire son budget total. Or, son activité cellules souches (>50m€) couvre ses frais sans subvention de l'Etat ou de la Sécurité Sociale. L'activité greffe en elle-même ne représente qu'une vingtaine de millions. 
En fait, l'Etat n'est pas sans une certaine habileté machiavélique. Tout d'abord le sens des réformes qu'il mène depuis la LOLF est le contrôle de gestion de ses dépenses. Il le fait dans la règle de l'art. Ensuite, parce qu'il ne conduit pas le changement uniquement en imposant ses lois. D'en haut. Il infiltre dans chaque unité ses hommes. Ce sont eux qui dirigent le changement. Enfin, au moins dans le cas de l'Agence, parce que toute dégradation du service conduit à une augmentation brutale des dépenses de la Sécurité Sociale, elle réagit immédiatement. Le système présente donc une forme de robustesse.
(De telles économies seraient-elles à l'origine des dysfonctionnements du système de santé espagnol, et d'un mort par Ebola ?)